Le comportement "irrespectueux" du royaume du Maroc envers les Nations unies et son secrétaire général, Ban Ki-moon, n'est que la suite logique de la position adoptée par ce pays, notamment après 1999, encouragée et soutenue par la France et l'Espagne. C'est ce qu'a déclaré, hier, à Alger, le ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie (Rasd), Mohamed Salem Ould Salek, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'ambassade sahraouie. Par ailleurs, le diplomate, également membre de la direction du Front Polisario, a indiqué que ces deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU sont "à l'origine des tracés frontaliers dans la région". Il soutiendra que depuis des années, le Maroc tente de "changer la nature du conflit" de l'ancienne colonie espagnole, allant jusqu'à "parler de Sahara marocain" au moment où la communauté internationale désigne ce "territoire non autonome" sous le nom de "Sahara occidental". En présence du nouvel ambassadeur de la Rasd en Algérie, Bouchraoui Hamouda Bayoum, le conférencier a en outre signalé la mauvaise foi de l'occupant marocain, rappelant que celui-ci veut limiter le règlement de la question sahraouie à la seule expression "solution politique", en la vidant de toute sa substance et ce, pour exclure l'autodétermination du peuple sahraoui. Pourtant, dira M. Ould Salek, "la question du Sahara occidental est une question de décolonisation", éligible à l'application de la résolution 1514 de l'AG de l'ONU sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés. Le ministre sahraoui s'est aussi référé à l'avis consultatif de la Cour internationale de La Haye de 1975 et à l'avis juridique onusien de 2002, ainsi qu'aux résolutions du Conseil de sécurité en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et aux autres textes et déclarations émanant de l'AG des Nations unies, des pays non alignés, de l'UA, de l'UE et des ONG, soutenant le droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même, le respect de ses ressources naturelles et de ses droits humains. C'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui, témoignera-t-il, a adopté "à l'unanimité" le plan de paix au Sahara occidental, en 1991. Ainsi, depuis 25 ans, le Maroc va à l'encontre de la légalité internationale, reniant ses engagements internationaux, dictant ses lois dans les zones occupées sahraouies, malgré la présence de la Minurso, "la seule" mission onusienne privée des prérogatives de protection des Sahraouis et devenue "otage des intérêts de membres permanents du Conseil de sécurité". "Le Maroc n'est ni en paix avec les pays de la région ni à l'échelle continentale, avec l'UA. Il est le seul pays nord-africain à ne pas reconnaître les frontières héritées de la colonisation", a affirmé le MAE, en notant que c'est le même Etat qui est "aujourd'hui en conflit avec la communauté internationale". Pour le ministre sahraoui, les attaques récentes du Maroc contre l'ONU et son secrétaire général, suivies par les autres "chantages" et "menaces", confirment "l'échec de l'occupation". D'où "l'appel urgent" aux Nations unies pour rappeler le Maroc à l'ordre et aller, cette fois, vers la tenue du référendum d'autodétermination. Un autre "appel urgent" a été également lancé au Conseil de sécurité pour libérer tous les détenus politiques sahraouis et doter la Minurso des mécanismes de protection des droits de l'Homme au Sahara occidental. Hafida Ameyar