Les cours à un haut niveau du baril de pétrole seront maintenus dans les six mois à venir. Comme attendu, les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont confirmé, hier, au cours de leur réunion à Vienne, le maintien de leur production à son niveau actuel. Leur décision avait largement été pré-annoncée ces dernières 24 heures. Les quotas de production de l'Opep sont actuellement fixés à 28 mbj. La plupart des membres de l'Organisation, ont fait savoir, dans des déclarations publiques, «l'inopportunité, pour le moment, de réduire le plafond de production en raison d'une part, des prix élevés du baril et de l'autre, l'abondance constatée de l'offre de pétrole brut», rapporte l'APS. Premier exportateur mondial de pétrole avec plus de 9 millions de b/j ou près du tiers de la production actuelle de l'Opep, l'Arabie Saoudite est clairement favorable au maintien de la production et ne voit pas de nécessité de la réduire. L'Algérie, dont la production pétrolière est en hausse graduelle et atteint, pour l'heure, quelque 1,4 mbj, estime par la voix du ministre de l'Energie, M.Chakib Khelil, que l'Opep devrait reconduire son plafond de production. Il a indiqué à partir de Paris que «les cours du baril de pétrole seront maintenus dans les six mois à venir pour des raisons climatiques et géopolitiques». Chakib Khelil justifie le refus de l'Opep de baisser sa production par des prix du pétrole déjà à un niveau élevé, dans un entretien diffusé par la revue Pétrole et gaz arabes. «Les prix actuels sont très intéressants pour les producteurs, et il n'y a pas de raison de les faire grimper davantage en réduisant l'offre, compte tenu de leur impact sur l'économie mondiale», a-t-il déclaré. M.Chakib Khelil indique que «pour le moment, nous n'allons rien faire et en mars, nous allons décider ce qu'il faut faire à la lumière des développements sur la croissance économique et les facteurs fondamentaux». Selon lui, l'offre est certes adéquate «mais, sur le plan psychologique dans le contexte actuel, parler de réduction de l'offre suffit à faire monter les cours. Ce serait envoyer un mauvais signal». M.Khelil avait souligné, samedi dernier à Alger, que l'objectif de l'Organisation était de tout faire pour stabiliser les prix à des niveaux acceptables à la fois pour les producteurs et pour les consommateurs. Il a estimé que ces prix risquaient encore de connaître des niveaux record en raison de ces facteurs et d'autres comme le manque de capacité de raffinage. L'organisation pétrolière, dont les revenus sont gonflés grâce à la hausse des prix du brut, garde toutefois le doigt sur la détente pour contrer tout risque de surproduction et de chute des cours au printemps, lorsque la demande de pétrole est censée diminuer. L'Iran, qui s'était ouvertement prononcé en faveur d'une baisse des quotas de 1 mbj, revient sur ses déclarations. Le ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, a indiqué à Vienne qu'il n'avait pas proposé de réduction de production à l'Opep. «Nous n'avons pas proposé de réduction de la production. Les décisions de l'Opep sont prises par voie de consensus», a-t-il précisé en marge d'une réunion ministérielle extraordinaire du cartel dans la capitale autrichienne. Le ministre a précisé que son pays «n'allait pas mélanger la politique et les décisions économiques» dans sa querelle avec l'Occident sur le programme nucléaire controversé de Téhéran. Le ministre vénézuélien de l'Energie, Rafael Ramirez, a prévenu que l'Opep étudierait la possibilité de réduire ses quotas de production de 0,5 à 1 million de barils par jour lors de sa prochaine réunion, prévue le 8 mars à Vienne. Mais l'Opep n'envisagera pas moins à nouveau une baisse, ont indiqué plusieurs ministres. Quant au marché, il retient son souffle avant une réunion cruciale, jeudi et vendredi à Vienne, de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur le programme nucléaire de l'Iran.