Treize militaires français de l'opération Barkhane ont trouvé la mort, lundi, au Mali dans la collision accidentelle de deux hélicoptères qui appuyaient une attaque contre des terroristes, a annoncé hier la présidence française. Il s'agit de l'un des plus lourds bilans humains essuyés par l'armée française depuis 1983. Le président français Emmanuel Macron a salué «avec le plus grand respect la mémoire de ces militaires de l'armée de terre, six officiers, six sous-officiers, et un caporal-chef, tombés en opération et morts pour la France dans le dur combat contre le terrorisme au Sahel», précise le communiqué.»Cette terrible nouvelle endeuille nos armées, la communauté de défense et la France toute entière», a réagi dans un autre communiqué la ministre des Armées, Florence Parly, en précisant qu'»une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame». L'accident est survenu dans le Liptako, dans la région de Ménaka, aux confins du Mali, Niger et Burkina Faso, pendant une «opération de combat».»Engagés au sol depuis quelques jours, des commandos traquaient un groupe de terroristes, décelés quelques heures plus tôt, qui évoluaient en pick-up et à motos. Très rapidement, ils ont été renforcés par des hélicoptères et une patrouille de Mirage 2000», a précisé l'état-major des armées. «Un hélicoptère Cougar, avec à bord six commandos de montagne et un chef de mission, a été engagé pour coordonner l'ensemble des moyens, tout en étant en mesure d'intervenir pour assurer ‘‘l'extraction immédiate'' d'un élément au sol», ajoute le communiqué.»Vers 19h40, pendant la manœuvre destinée à préparer l'engagement de l'ennemi, l'hélicoptère Couguar et un hélicoptère Tigre sont entrés en collision, s'écrasant à courte distance l'un de l'autre. Aucun des militaires embarqués n'a survécu», précise l'état-major. Le dernier accident mortel d'hélicoptères dans l'armée française remonte à février 2018, lorsque deux appareils s'étaient écrasés dans le Var, au sud-est de la France, après une collision en vol, faisant cinq morts. Le président français «exprime son soutien le plus total à leurs camarades de l'armée de terre et des armées françaises. Il tient à saluer le courage des militaires français engagés au Sahel et leur détermination à poursuivre leur mission», conclut le texte de l'élysée. Cet accident porte à 38 le nombre de militaires français tués au Mali depuis le début de l'intervention française en 2013, avec l'opération Serval. L'opération Barkhane, qui a succédé à Serval depuis août 2014, mobilise 4.500 militaires français dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, en soutien aux armées nationales qui combattent des terroristes affiliés au groupe Etat islamique (EI) ou à Al-Qaïda. Mais six ans après le début de l'intervention française, les violences terroristes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisins. Depuis 2012, les hostilités, doublées de violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de civils. Et malgré les efforts de formation déployés par l'Union européenne, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et Barkhane, les armées nationales des pays sahéliens, parmi les plus pau- vres au monde, semblent incapables d'enrayer la progression des attaques. 43 soldats maliens ont été tués mi-novembre dans une attaque dans l'est du pays, près de la frontière nigérienne, s'ajoutant à une centaine de militaires maliens morts dans deux attaques en un mois cet automne dans les mêmes confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Lors d'une récente tournée au Sahel, la ministre française des Armées avait prôné la «patience» dans la guerre contre les jihadistes au Sahel. «Barkhane ne s'enlise pas. Barkhane s'adapte en permanence», avait-elle assuré. Le gouvernement du Mali et le président du Burkina Faso, deux pays où opère Barkhane, ont exprimé hier leur solidarité avec la France, après la mort des 13 soldats français.»Le Mali est aux côtés de la France dans cette épreuve qui endeuille nos deux armées», a dit sur les réseaux sociaux le porte-parole du gouvernement malien et ministre de la Communication Yaya Sangaré. Dans un message destiné au président français Emmanuel Macron et posté sur Twitter, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré «salue la mémoire» des soldats disparus et «adresse ses sincères condoléances à leurs familles ainsi qu'à l'ensemble du peuple français».