Des chrétiens venus du monde entier ont commencé à affluer hier près de la basilique de la Nativité à Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, pour donner le coup d'envoi des célébrations de Noël. Dans une ambiance festive, Palestiniens et étrangers ont convergé dans le centre de la ville située en Cisjordanie occupée, où sont diffusés par hauts-parleurs des chants de Noël en arabe. Dans la basilique, une longue file d'attente s'est formée en peu de temps. Portugais, Nigérians et Français patientent pour visiter l'endroit exact où serait né Jésus. Ola, venue du Nigeria, se réjouit d'être à Bethléem pour ce «jour si spécial». à l'extérieur, sous un soleil hivernal, des scouts palestiniens habillés de bleu, jaune ou beige défilent au son des cornemuses et des tambours sur la place de la Mangeoire, en face de la basilique. Cette année, les festivités sont marquées par le retour en Terre sainte d'un premier fragment du berceau de Jésus, arrivé à Jérusalem puis transféré fin novembre, en grande pompe à Bethléem, après 1.300 ans en Europe. «C'est important car il s'agit d'une partie de la structure de bois de la crèche originelle de Bethléem. Cette structure de bois avait quitté la Terre sainte vers l'an 640», selon le custode de Terre sainte, Francesco Patton. Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem, doit arriver dans la matinée à Bethléem, où il célèbrera la messe de minuit dans l'église de Sainte-Catherine, attenante à la basilique. Le président palestinien, Mahmoud Abbas devrait y assister. Quelques chrétiens de la bande de Ghaza devraient également être présents, mais en nombre inférieur par rapport aux années précédentes, Israël ayant accordé peu de permis de sortie de l'enclave palestinienne sous blocus israélien. Tout Palestinien désirant se rendre de Ghaza en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, doit traverser le territoire israélien et obtenir un permis auprès des autorités israéliennes. Environ 200 personnes ont été autorisées à quitter la bande de Ghaza pour l'occasion, sur les 950 ayant demandé une autorisation, selon Wadie Abou Nassar, porte-parole des Eglises de Terre Sainte. Mais Noël, a-t-il dit, doit rester une période d'espoir. «Malgré tous les défis, les difficultés, la douleur et les problèmes auxquels nous sommes confrontés, nous gardons espoir en Dieu et en les peuples», a-t-il déclaré. Les festivités de Noël ont souvent été ternies à Bethléem, par les tensions. En 2017, la décision unilatérale prise, quelques semaines plus tôt, par le président américain Donald Trump de reconnaître El Qods comme capitale d'Israël avait provoqué des manifestations quasi-quotidiennes dans les Territoires palestiniens, notamment à Bethléem, ville séparée d'El Qods par un mur érigé par les Israéliens. Les festivités de Noël 2015 s'étaient déroulées alors qu'une vague de violences contre les Palestiniens avait coûté la vie à 150 personnes en trois mois. Sur la place de la Mangeoire, la ministre palestinienne du Tourisme, Rula Maaya, s'est réjouie de ce que 3,5 millions de personnes avaient visité Bethléem, cette année. Le pape François s'est adressé hier soir, depuis le Vatican, aux quelque 1,3 milliard de catholiques dans le monde.