Les partis en compétition en 2007 veulent un gouvernement sans coloration partisane. «Dans la mesure où l'année 2006 est l'année charnière aux élections de 2007, nous considérons que la nécessité d'un gouvernement indemne de toute coloration politique exige la désignation d'une personnalité nationale pragmatique qui apportera une dynamique au gouvernement et assainira les urnes des tensions partisanes, sachant qu'à chaque élection législative les voix vont du côté du chef de l'Exécutif. Comme cela s'était produit en 1997 avec le RND qui avait raflé la majorité des sièges. La même équation s'était reproduite en 2002 avec le FLN qui était à la tête de l'Exécutif», a déclaré Boudjerra Soltani, président du MSP dans un entretien publié jeudi par El Bilad. Voilà un propos qui ne fera pas plaisir à Ahmed Ouyahia (chef du gouvernement de décembre 1995 à décembre 1998 puis de 2003 à aujourd'hui). Comme les trois partis de l'Alliance ne sont pas dans un état de symbiose, en ce début d'année de l'hégire, et, tenant compte de l'estimation de Soltani sur le rendez-vous de renouvellement de la présidence tournante de l'Alliance qui devrait avoir lieu le jour de son troisième anniversaire, c'est-à-dire le 16 février, mais qu'il préfère décaler au 18 - un samedi - la rencontre ne sera pas une partie de plaisir. Mais la décision (du rendez-vous) en revient à Ouyahia. Le FLN n'a jamais cessé d'appeler à l'amendement de la Constitution -accompagné de préférence d'un amendement de la loi électorale - pour éloigner le spectre du truquage des élections et pour reprendre ce qui lui appartient. Lorsqu'on sait que la proposition du MSP n'est pas une simple intuition et que la visite de Lula a donné certains indices sur le plan protocolaire, on est obligé de tenir compte de cette proposition ; proposition qui ne déplaira pas au FLN qui, lui aussi, est entré dans la phase du combat final avec le RND. D'autres indices, comme par exemple la campagne de dénonciation des caricatures danoises à la salle Harcha, dévoilent un rapprochement entre Belkhadem et Soltani - à l'insu d'Ouyahia - qui tiennent un même langage, à des nuances près. Les assises du RND à Sidi Fredj ont mis en exergue les appréhensions de Ouyahia vis-à-vis de ses pairs. Il les suspecte de conspiration, depuis un certain temps, si on se fie aux confidences de ses proches. Les observateurs attentifs croient déceler un penchant pour les ministres du président. Ce sont des ministres de souveraineté qui n'ont pas de couleur politique. Parmi eux, on note la cote du ministre de l'Energie Chakib Khelil, en phase ascendante. Il y a également le cas de Lakhdar Brahimi qui a pris sa retraite à l'ONU et qui est en réserve de la République. Il pourrait, le cas échéant, s'occuper des Affaires étrangères ; un poste qu'il avait assumé au temps du HCE avant de démissionner du gouvernement. Il y a également le poste de l'information à pourvoir. Il est vacant depuis un certain temps. Et Dieu sait combien il est utile de désigner son titulaire, en cette période houleuse, qui nécessite des décisions accompagnées d'une politique de communication claire. Les trois partis de l'Alliance sont cependant convaincus de la nécessité de désigner un gouvernement offensif; une équipe apte à prendre des initiatives et à engager les grandes réformes en panne depuis le début de son absence des devants de la scène. A l'exception du FLN, les partis de l'Alliance ne prennent pas d'initiatives. Mieux, les divergences entre les démarches de leurs chefs sont visibles à l'oeil nu. Ils sont entrés dans une course contre la montre. Chacun veut avoir les coudées franches, à l'orée des élections législatives et locales, en mettant un certain nombre d'atouts de son côté. Belkhadem et Soltani veulent avoir des garanties supplémentaires. Ces assurances ne peuvent venir que par le biais d'un changement à la tête du gouvernement. Ainsi, les trois chefs de l'Alliance seront alignés sur la même ligne de départ, au moment de donner le coup de starter aux élections législatives. Il semble bien que les deux chefs (Belkhadem et Soltani) ne seront pas chiches à user de leurs bons offices pour consentir un poste de ministre d'Etat pour Ouyahia...mais sans portefeuille.