Le procès d'El Khalifa Bank n'inquiète pas Ahmed Ouyahia. Celui de la Banque commerciale et industrielle (BCIA), ouvert samedi à Oran, non plus. L'ancien chef du gouvernement, qui s'est exprimé hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio algérienne, en tant que secrétaire général du RND, se déclare même « prêt » à répondre favorablement à toute convocation de la justice. « Les avocats de la défense ont le droit de défendre leur mandant et de demander la présence de telle ou telle personne au procès. Si la justice me demande, je répondrai présent », précise-t-il, l'air serein, en réponse à une question d'un journaliste selon laquelle le collectif de la défense dans l'affaire BCIA exige sa présence à la barre. L'ancien chef du gouvernement refuse cependant de faire le moindre commentaire sur les affaires de scandales financiers qui sont en justice. Je suis républicain et légaliste. Je respecte la souveraineté de la justice », martèle-t-il. Revenant sur le remaniement gouvernemental, réclamé par l'actuel chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, le SG du RND, dira que cela ne constitue nullement une préoccupation ou un sujet de discussion au sein de son parti. « Le changement du gouvernement n'est pas un gâteau à partager », lâche-t-il à l'adresse des journalistes, rappelant que seul le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, peut décider d'un tel changement qui est, selon lui, le bienvenu à tout moment. M. Ouyahia dira dans la foulée que son parti ne voit pas le gouvernement comme une coloration politique, mais en tant que pouvoir exécutif. Et la présence du chef d'un autre parti à la tête de ce gouvernement qui aura à préparer les prochaines élections législatives ne dérange pas Ouyahia et par ricochet son parti, le RND. « Nous n'allons pas demander de changer le chef du gouvernement. La loi électorale existe ainsi que les mesures de contrôle de ces élections. Nous avons, en tant que parti, suffisamment de moyens humains et matériels pour pouvoir couvrir l'ensemble des bureaux de vote à travers les 48 wilayas. Nous sommes donc tranquilles et sereins », indique-t-il tout en écartant la présentation de listes communes entre les trois formations de l'Alliance présidentielle (RND, FLN et MSP). Il explique cela par le fait que le FLN n'a pas encore achevé l'opération de renouvellement de ses structures de base, promettant que l'Alliance survivra aux prochaines élections. M. Ouyahia regrette au passage que l'Alliance soit restée uniquement au sommet, sans qu'il y ait l'élargissement souhaité au niveau des assemblées locales. « Mais ça viendra… », rassure-t-il. Selon lui, le RND se prépare convenablement pour mieux aborder les prochaines législatives et réaffirmer sa place de « première force politique » qu'il a « obtenue » en 1997. Reconnaissant les « erreurs » et les errements du passé, avec le recul notable de son parti lors des élections législatives et locales de 2002, Ouyahia reste confiant quant à l'issue des prochaines échéances électorales, arguant que son parti dispose de « plus d'expérience, de cohésion et d'homogénéité ». Le chef du RND estime cependant que le jumelage des élections législatives avec les locales est « techniquement impossible ». Il explique que du point du vue constitutionnel, on ne peut pas retarder les élections législatives. En même temps, il est difficile de préparer des élections locales avant l'heure. La révision de la loi fondamentale du pays n'aura donc pas lieu cette année ? Possible. Mais Ouyahia élude la question. « Nous attendons », répond-il, considérant que cela relève exclusivement des prérogatives du président Bouteflika. Le chef du RND se déclare cependant contre la consultation des partis politiques sur le contenu de cette révision. Pourquoi ? « Nous sommes convaincus, au RND, que le Président apportera les changements qui vont certainement consolider et renforcer l'Etat algérien », soutient-il. L'ancien chef de gouvernement est revenu, en outre, sur la situation économique du pays. « L'Algérie, affirme-t-il, vaut un milliard de dollars en dehors des hydrocarbures ». Soit le montant des exportations hors hydrocarbures réalisé au courant de l'année 2006. C'est ainsi qu'il insiste sur la nécessité d'investir le maximum pour sortir de cette dépendance. Mais là, Ouyahia critique la politique actuelle du gouvernement en matière d'aide à l'investissement. « J'ai lu dans la presse que l'Etat n'aide plus l'investissement dans certains secteurs d'activité. Je trouve que c'est une erreur, car notre pays a besoin de développer tous les secteurs », relève-t-il sans pour autant donner plus de détails sur ces secteurs marginalisés par l'Exécutif.