La scène s'est déroulée avant-hier à alger. Des supporters du club de football marocain, le Raja de Casablanca, scandaient à tue-tête des slogans revendiquant la marocanité du Sahara occidental. Filmée et mise en ligne par des sites marocains connus pour leur obédience au Makhzen, la scène était présentée par les initiateurs du «coup de com» comme une sorte d'«offensive en territoire ennemi». La réaction des supporters du Mouloudia club d'Alger qui recevait l'équipe casablancaise dans le cadre du Championnat arabe des clubs aura été d'une exemplarité édifiante. Aucun incident n'a été signalé et les «manifestants» n'ont eu droit ni à des applaudissements ni à des invectives. Cette scène qui peut paraître banale pour n'avoir suscité aucune conséquence notable, est en réalité une opération montée par les services de la direction générale marocaine des études et de la documentation (Dged). C'est un service de renseignement qui opère à l'extérieur du Maroc. Disposant d'éléments présents dans la plupart des représentations diplomatiques du royaume, la Dged réalise des rapports d'informations qui atterrissent directement au Palais royal de Rabat. Elle mène également des opérations à l'étranger. Celle qu'a vécue la ville d'alger en est un exemple parfait. En effet, beaucoup d'équipes marocaines ont disputé des rencontres sportives en Algérie et jusqu'à avant-hier, l'on n'avait pas signalé un comportement, à ce point ostentatoire. Cela étant dit, on mesure «l'exception» d'alger en la rapportant à la campagne que mène le Maroc contre l'Algérie et le Président Tebboune. Le scénario est simple à deviner : la Dged a fait infiltrer le groupe de supporters par des agents qui ont conduit la foule à scander le slogan vantant la «marocanité» du Sahara occidental. L'acte est strictement politique dans une enceinte sportive. C'est proprement inadmissible, d'autant que l'objectif n'était pas du tout innocent et visait à agacer l'Algérie et les Algériens. La Dged qui a monté cette «opération» cherchait-elle à provoquer des incidents ? la réponse est vraisemblablement «oui», puisque l'insistance dont ont fait montre certains meneurs parmi les supporters relevait de la provocation pure. Mais si la stratégie a lamentablement échoué, il n'en reste pas moins que l'intention était clairement nuisible. Le Makhzen marocain marque là une sorte d'escalade dans le conflit qui l'oppose aux Sahraouis au cœur de la société algérienne. Cette nouvelle tentative témoigne de la faiblesse de l'argumentaire de Rabat et traduit sa volonté de «pourrir» les relations entre deux peuples qui s'entendent parfaitement. Il est entendu que cette énième stupidité du Palais royal ne doit pas passer par pertes et profits. Rabat doit savoir, une bonne fois pour toutes, que ses «jeux» dangereux feront l'objet de réplique systématique. Il va de soi que l'Algérie ne mêlera jamais le peuple marocain aux prochaines ripostes, consciente que les Marocains sont les premières victimes du Makhzen. Lequel les a embarqués dans un plan stupide de conquête de la Mauritanie, sitôt l'indépendance de ce pays proclamée, en 1960. La brouille maroco-mauritanienne a fait perdre à la région et au peuple marocain beaucoup d'occasions de se sortir de la misère. L'aventure mauritanienne du Maroc n'a pas édifié le Makhzen qui l'a renouvelée avec l'Algérie. La guerre des Sables, en 1963 et le traumatisme qu'elle a engendré, relèvent de la responsabilité exclusive de Rabat qui voulait envahir l'Algérie, au moment où elle pansait les plaies de 132 ans de colonisation et de 7 années de guerre féroce. Les visées expansionnistes de la monarchie se sont fracassées au mur de la République née d'une révolution authentiquement populaire. La seconde brouille avec l'Algérie, à peine apaisée, que le Makhzen ouvrit le front du Sahara occidental, en 1976, en réclamant un territoire qui ne lui appartenait plus par la force du droit international. N'ayant pas trouvé la même résistance, Hassan II a lancé sa marche verte et son fils, Mohammed VI, refuse de quitter un territoire annexé par la force des armes, contre toute logique universelle. Les Marocains ont ainsi survécu à l'ombre d'un rêve fou de leurs rois, qui a consisté à reconquérir des territoires qu'ils n'ont pas su défendre et où ils ont abandonné des populations entières. L'ouest de l'Algérie, la Mauritanie et le Sahara occidental appartiennent aux peuples qui les ont libérés, pas au Palais royal. Les rois du Maroc, père et fils, ont perdu toutes leurs guerres et bloquent par pur égoïsme l'essor de tout le Maghreb. Le continuateur de la prétendue œuvre de son père en est arrivé à vouloir «exciter» l'ego faussement patriotique de son peuple pour le diriger, telle une arme, contre le peuple algérien. Il veut créer un fracture profonde et dangereuse, attiser les haines pour embraser la région. Tout cela à la poursuite du rêve expansionniste de son père. Il trouvera face à lui, les peuples des deux pays et l'Etat algérien. Il faut que le jeu stupide cesse.