Les chiites conservateurs, larges vainqueurs des législatives du 15 décembre dernier, poursuivent leurs discussions pour désigner un Premier ministre La désignation du chef du gouvernement qui devait avoir lieu hier, a été ainsi reportée à aujourd'hui après une premier tour de table sans résultat qui n'a pas tranché entre les deux candidats potentiels : le Premier ministre sortant, Ibrahim Al Jaafari, -président du parti Da‘wa, -membre de l'Alliance irakienne unifiée (AUI) qui remporta une large victoire aux législatives sans pour autant atteindre la majorité absolue-, est en compétition pour le poste avec son challenger le vice-président sortant Adel Abdel Mahdi, membre influent du Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (CSRII, principal parti chiite irakien). Au départ, quatre candidats étaient en lice: le Premier ministre sortant Ibahim Al Jaafari, Adel Abdel Mehdi, Nadim Al Jabiri, chef du parti islamique Al Fadhila, et Hussein Chahristani pour les indépendants. La discussion a tourné court hier face à l'absence de consensus. Expliquant ce contre-temps, l'un des participants Rida Jawad Taki, un des dirigeants du CSRII, a indiqué «le choix a été repoussé à dimanche (aujourd'hui) à la demande insistante des partisans de Moqtada Sadr (chef chiite radical) qui souhaitent que le choix se fasse par consensus et non par vote». De son côté, le chef du parti islamique Al Fadhila a indiqué que «la réunion aura lieu demain (aujourd'hui à 10h30 locales). Si d'ici là, aucun consensus n'est trouvé il y a aura vote ».La rencontre a eu lieu au siège du CSRII à Baghdad, a rassemblé les 128 députés de l'AUI et deux députés d'Al Rissalioun, une liste proche de Moqtada Sadr. MM Jabiri et Chahristani ayant peu de chance de passer, restaient face à face les deux hommes forts de la mouvance chiite conservatrice, Ibrahim Al Jaafari et Adel Abdel Mahdi. Après plusieurs semaines de tractations et d'attente (des résultats officiels notamment), le Premier ministre qui aura à diriger le premier gouvernement irakien légitime, depuis la chute du régime du président Saddam Hussein, doit, en principe, être connu aujourd'hui. Selon le calendrier politique de la mise en place des nouvelles institutions irakiennes, la première réunion du Parlement doit être convoquée dans les deux semaines suivant l'annonce officielle des résultats des élections législatives, d'où l'urgence pour les chiites, vainqueurs du scrutin, de choisir parmi eux l'homme qui aura à diriger le nouveau gouvernement (la Constitution prévoit que le chef du gouvernement doit émaner des rangs du parti ayant obtenu le plus de sièges). Aussi, la réunion du Parlement sera-t-elle importante en ce sens que la Chambre aura, selon la loi fondamentale, à élire le Conseil présidentiel, en l'occurrence, le président de la République et ses deux vice-présidents. C'est ce Conseil qui nommera alors, ou plutôt officialisera la nomination du Premier ministre choisi par l'AUI. Le Premier ministre nommé, aura alors un mois pour former le gouvernement, sans doute d'union nationale avec les autres formations du champ politique irakien, qui doit obtenir la confiance du Parlement à la majorité absolue. Si les chiites conservateurs disposent d'une large majorité au Parlement, ils doivent néanmoins composer avec des formations ou alliances kurdes et sunnites décidées les unes et les autres d'avoir leur part dans la gestion de l'Etat. Dans cette perspective, deux formations sunnites, -dont celle de Salah Al Motlak-, se sont alliées avec le groupe d'Iyad Allaoui (chiites laïcs), formant ainsi un groupe parlementaire de 80 députés susceptible de leur permettre de négocier avec la majorité chiite conservatrice en ayant des chance de se faire entendre. Selon les résultats officiels, divulgués la semaine dernière, les élections législatives ont été remportées par la liste de l'AUI (Alliance unifiée irakienne) suivie par la coalition kurde qui obtient 53 sièges et la liste sunnite du front irakien de la Concorde, avec 44 sièges. La liste de l'ancien Premier ministre, Iyad Allaoui, chiite laïc, obtient 25 sièges et celle du sunnite Salah al-Motlak, du Front irakien du dialogue national, 11 sièges. Le reste des sièges est réparti entre des petites listes.