Même les avocats ignorent le contenu de la plainte. Le directeur de l'hebdomadaire Essafir, M.Mohamed Bouderbala, a été traduit hier devant la chambre d'accusation du tribunal d'Alger en raison de la publication des caricatures attentatoires à l'image du Prophète (Qsssl). A l'heure où nous mettons sous presse, aucune information n'a filtré sur le sort de Bouderbala. Ce dernier a été placé, rappelons-le, sous mandat de dépôt depuis jeudi dernier avec son confrère responsable de l'hebdomadaire Panorama, M.Kamel Boussad, et ce, pour le même chef d'accusation. Suite à une plainte déposée par le ministère de la Communication, les deux patrons ont été mis en détention préventive dans la prison de Serkadji en attendant leur jugement. La justice a procédé même à la suspension des deux hebdomadaires.Les deux patrons sont victimes, comme ils le disent eux-mêmes, «d'une mauvaise interprétation des faits qui nous sont reprochés». Le rédacteur en chef d'Erissala explique également que la publication de ces caricatures a été faite dans le but d'informer le citoyens sur la gravité de la situation et de leur montrer comment le quotidien danois a représenté le Prophète, qui est le symbole de l'islam. Selon lui, la publication des dessins attentatoires n'était nullement dans l'intention de porter atteinte à l'islam. Bien au contraire, le journal voulait s'inscrire dans la défensive en publiant ses fameuses caricatures, objet de discrimination de toutes parts. La preuve, ajoute-t-il, que les caricatures ont été appuyées par des commentaires et des articles condamnant cette atteinte dans son édition du 2 février, précise toujours le responsable, le journal a appelé ses lecteurs à travers un éditorial à «barrer la route aux bandes qui complotent contre l'islam». Avant même la publication desdits dessins, notre interlocuteur fera savoir que la rédaction du journal a pris le soin de consulter des imams et qu'aucun d'eux, appuie-t-il, n'a daigné lui faire part du moindre argument en vue de le disssuader. Du côté des avocats des deux accusés, ils affirment que leurs clients incarcérés n'ont commis aucun délit. Les mêmes avocats ajoutent qu'ils n'ont aucune connaissance du contenu de la plainte formulée par le département de la Communication. L'un de ces avocats, en l'occurrence Khaled Bourayou, est même allé jusqu'à dire que «le gouvernement algérien aurait dû annoncer officiellement l'interdiction de la reproduction des caricatures attentatoires à l'image du Prophète», estimant que les pouvoirs publics ont « agi de façon excessive dans cette affaire». Enfin, l'autre patron incarcéré, le directeur de Panorama M.Kamel Boussad, sera, quant à lui, traduit samedi prochain devant le même tribunal d'Alger.