Les étudiants, accompagnés par des citoyens, ont battu, hier, le pavé pour le 49ème mardi consécutif afin exiger le changement de système. La procession s'est ébranlée depuis la place du 1er Mai aux environs de 11h pour atteindre la Grande Poste. Les manifestants, apparemment assez peu inspirés n'ont pas «renouvelé» leurs slogans. Ils se sont contentés de réaffirmer leur opposition à l'exploitation du gaz de schiste. Mettant de côté les revendications démocratiques et politiques, ils ont scandé des slogans contre l'exploitation de cette source d'énergie non conventionnelle. Ce sujet revient tel un leitmotiv dans les chants des manifestants, sur les banderoles et pancartes brandies. «Non au gaz de schiste», « Notre Sahara n'est pas à vendre », « Oui à l'énergie solaire, non au gaz de schiste qui porte préjudice à l'environnement, aux nappes phréatiques… », «Gaz de schiste, désastre total» et autres slogans repris en chœur et visiblement destinés à booster le mouvement, plus qu'à formuler une opposition véritablement assumée. Certains slogans comparent même l'exploitation du gaz de schiste aux essais nucléaires effectués par la France, en 1960, à Reggane. «Les habitants du Sahara ne sont pas des cobayes. Non au gaz de schiste. vous n'êtes pas différents de la France et ce qu'elle a commis à Reggane», peut-on lire sur une pancarte. Une comparaison destinée certainement à frapper les esprits, histoire d'installer la contestation sur la durée. Il convient de souligner un certain acharnement qui ne dit pas son nom et cache assez mal des intentions pas toujours saines à l'endroit de l'Algérie. La foule a scandé quasi mécaniquement, mais il n'est pas dit qu'elle suive… Les mêmes manifestants ont réclamé l'instauration d'un Etat civil, un slogan devenu le cri fédérateur des manifestations hebdomadaires. «Ecoutez bien, Abane a laissé un testament, Etat civil, pas militaire», ont-ils aussi crié. Les détenus n'étaient pas en reste : ils ont appelé à leur libération. Les portraits des figures du mouvement, encore incarcérés, à l'image de Karim Tabbou, Samir Laârbi, Foudhil Boumala et d'autres détenus moins connus, ont été brandis. «Libérez, libérez Nour El Houda Oggadi», ont-ils encore clamé, dans le cortège qui arpentait la rue longeant le siège du tribunal de Sidi-Mhamed. Il faut noter que cette étudiante de Tlemcen, figure féminine du Hirak, maintenue en détention depuis décembre dernier, n'a pas bénéficié de liberté provisoire. Les marcheurs promettent également de poursuivre le combat d'une façon pacifique jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications du Hirak. Les manifestants continuent aussi à rejeter les résultats découlant du dernier scrutin présidentiel. D'autre part, il ont vivement réitéré leur exigence «de mise en place d'une période de transition et le respect de la souveraineté populaire». Toujours déterminés à poursuivre le combat pacifique, ils crient «Qolna el îssaba t'roh ! Ya h'na ya entouma !» (On a dit que la bande doit partir. Ou bien c'est nous, ou bien c'est vous). «Le peuple s'est libéré, c'est lui qui décide. Gouvernement civil», clament-ils encore. Autant de slogans qui rappellent étrangement les mot d'ordre du Pacte de l'alternative démocratique. Ils ont aussi répété les slogans habituels du mouvemet : «Ahna ouled Amirouche, marche arrière ma n'ouwellouche, djaybine el houriya !» (Nous sommes les enfants de Amirouche, on n'a pas de marche arrière, on arrachera la liberté), Des marches estudiantines ont eu lieu à travers d'autres villes du pays.