Les syndicalistes sont excédés par la déclaration du chef du gouvernement, qui a déclaré que l'augmentation des salaires est illégitime. Ayant déposé, il y a quelque temps, un préavis de grève pour les journées des 19, 20 et 21 du mois en cours, la coordination intersyndicale de l'éducation nationale a décidé d'aller jusqu'au bout de sa menace de paralyser les lycées, à partir de dimanche prochain. En effet, lors d'une conférence de presse, tenue hier, au siège du journal Alger Républicain, les représentants de ladite coordination, regroupant cinq syndicats, à savoir le CLA, le Cnapest, l'Unpef, le Satef et le Sete de Béjaïa, ont juré de ne plus revenir sur leur décision de grève et leurs revendications, tant que la tutelle gardera toujours le mutisme, selon leurs dires. D'emblée, les représentants des différents syndicats ont donné la réplique au chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, qui a déclaré auparavant, qu'il n'y aura pas d'augmentation. Cette position a été «adoptée» quelques jours après par son ministre de l'Education, M.Boubekeur Benbouzid, qui a suivi les traces de son Premier ministre, en réaffirmant que cette question relève du gouvernement. Cette «décision» a suscité la colère des conférenciers: «Je ne vois vraiment pas comment on ose parler de l'illégitimité de la revendication de l'augmentation des salaires...», a déclaré M.Lemdani, membre du conseil national du Cnapest. Ils estiment que leurs revendications, notamment celle relative à ce point précis, sont très légitimes. En intervenant sur ce point, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, Maître Zehouane Houcine, a estimé que le ministère doit répondre aux doléances des travailleurs de son secteur. Pour lui, l'augmentation des salaires constitue un enjeu aussi bien sur le plan politique qu'économique. Sur le premier point, Maître, Zehouane, estime que «l'enjeu politique serait de désamorcer la grève». Quant au deuxième point, l'aspect économique, il ajoute que «l'augmentation des salaires contribuera au pouvoir d'achat. Ainsi, la demande et la consommation seront appelées à la hausse, c'est ce qui va contribuer positivement sur notre économie», déclare-t-il. M.Zehouane a indiqué que «les revendications et la grève sont légitimes. D'ailleurs cette dernière reste un droit international. Le ministère doit ouvrir les portes du dialogue». S'agissant de l'argument avancé par la tutelle sur l'illégitimité de quelques syndicats, qui ne sont pas, à ses yeux, agréés, Med Salem Sadali, du Satef, a déclaré que le problème est encore plus profond que la question d'enregistrement. «Au lieu de traiter le fond du problème, qui est ce malaise exprimé par les travailleurs maintes fois, la tutelle continue de jouer sa politique de l'agrément», a-t-il déclaré. De son côté, le représentant du CLA (Conseil des lycées d'Alger) a appelé la tutelle à revoir sa position et revenir à de meilleurs sentiments. «Nous ne demandons que nos droits, et les responsables doivent nous écouter et répondre à nos doléances, au lieu de recourir aux poursuites judiciaires.» Le représentant du Sete de Béjaïa a déclaré que, suite à une réunion interne du bureau du syndicat, «tous les membres du syndicat se sont mobilisés pour le jour J». Par ailleurs, les quatre membres syndicalistes qui ont été traduits devant le tribunal Abane-Ramdane, à Alger, suite à la plainte déposée par le ministère, concernant la grève de la semaine prochaine, doivent y répondre samedi prochain. Dans ce contexte, pour dénoncer les poursuites judiciaires dont font l'objet les délégués des syndicats, les travailleurs de l'éducation dans la wilaya de Béjaïa, ont organisé un sit-in hier, devant la cour de Béjaïa. Cette action suivie d'une demi-journée de grève, se veut un signe de solidarité avec leurs collègues d'Alger, poursuivis en justice.