Lorsque les trois fourgons cellulaires arrivèrent, précédés par le carrousel des sirènes des gendarmes et des policiers, vers les 10h45 à l'esplanade «Emiliano Zapata» du Ruisseau (Alger), un curieux qui n'a pas raté une minute du procès en appel dit du «montage automobile et du fonctionnement occulte de la campagne occulte de Abdelaziz Bouteflika», s'est exclamé: «Allah fait bien les choses; la moitié des inculpés était accompagnée depuis des années, par des motards, une armada de policiers et une ambulance pour leur sécurité pour aller au boulot. Les voilà escortés par les services de sécurité et une ambulance, plutôt pas pour aller au boulot, plutôt pour rendre compte de leurs méfaits! Allah est grand car Il voit tout et fait payer les fautes avant le jugement dernier.» Un citoyen applaudit le gus qui entre normalement par l'entrée principale, pour grimper les escaliers du deuxième étage où se tient le procès. A l'intérieur de la salle, il y a plus d'avocats, de gendarmes et de policiers que de curieux ou des membres des familles qui préféraient suivre les plaidoiries depuis la salle des «pas perdus» où maître Aâmeur Zaïdi, l'excellent avocat de Tizi Ouzou entame un va-et-vient infernal en attendant de tenter de sauver son client Ali Haddad. Il le fera sans complexe devant le juge. Il est vrai pour les proches que c'est pénible de suivre les plaideurs de l'intérieur. Maître Saddek Chaib, maître Mohamed Fetnassi, qui se remémorent dans la même salle, les duels acharnés d'il y a une douzaine d'années, avec Amar Belkharchi, l'ancien terrible président. Maître Chérif Lakhlef, qui sait au moins ne pas perdre de temps en pensant bien comme il faut à la stratégie à mettre en oeuvre, en vue de s'emparer du poste tant envié par les robes noires, en l'occurrence, celui de bâtonnier d'Alger, salue des confrères stressés. De loin, nous apercevons, maître Rafik menasria, maître Fayçal Ben Abdelmalek, toujours souriant maître Fatiha Azaz, maître Akila Teldja-Drif, maître Ahmed Hadj Nasser qui ne cesse de caresser sa barbe blanche, en attendant l'arrivée des détenus au box des accusés, maître Laïfa Ouyahia garde le même sourire de son frère, l'inculpé Ahmed Ouyahia, maître Mouloud Bennasser, maître Khémissi Zeraïa qui plaidera plus tard bien et fort, en tentant d'abord de démolir les arguments du procureur général. L'homme d'affaires présenté par le conseil, comme une victime du sort, «car dit-il, a commencé à zéro par faire des affaires en ne prenant aucun dinar de la caisse du peuple! Il a créé des emplois partout et pour tous. Il a toujours respecté la loi de son pays et édifié proprement sa fortune!» Les avocats des deux ex-ministres de l'Industrie ont choisi de démonter Ahmed Ouyahia, qui était indiscutablement, alors l'homme fort du pouvoir et que personne n'osait contredire! «Ces deux anciens excellents commis de l'Etat, ont été victimes des «orientations» de Ouyahia!», dira l'un des conseils. La tension des premiers jours est tellement tombée que vers les 17h50, il n'y avait plus grand monde dans la salle. La fatigue semble affecter tout le monde sauf les magistrats qui semblent s'être très bien préparés. A l'issue de toutes les plaidoiries dont certaines furent écourtées pour ne pas redire deux fois la même chose, Ayed, le juge, prend note du traditionnel dernier mot que la loi a prévu et annonce le verdict pour le mercredi 25 mars 2020 à 15 heures.