Le palais Moufdi-Zakaria a retenti mercredi dernier au son de la musique classique algérienne en signe de protestation et de solidarité... Au moment où la Casbah menace ruine, la fondation qui se veut plaider sa cause l'a exprimé mercredi soir en musique en conviant les mélomanes à un concert de musique andalouse représenté par ses trois écoles, Alger, Tlemcen et Constantine. la Fondation Casbah qui, lors du forum d'El Moudjahid tenu la semaine dernière, avait d'après la déclaration de Abdelhakim Meziani, féru mélomane et défenseur de la citadinité bourgeoise, proposé de suspendre toute activité culturelle en signe de protestation, a préféré finalement le faire autrement. Non, la Casbah mérite d'être fêtée de la plus belle manière qu'il soit. «Je fais appel à votre coeur de citadin d'Alger pour que vous souteniez cette fondation», a souligné en préambule Mohamed Matoub, trésorier de la fondation qui évoquera la difficulté à mener à bien sa mission pour défendre la séculaire Casbah. Pour ce faire, deux idées ont germé, d'abord l'organisation à la faveur de la journée de la Casbah d'une journée de vulgarisation et d'information dans le cadre du forum d'El Moudjahid et cette soirée du mercredi placée sous le signe de la reconnaissance à cheikh Abderrahmane Djillali, présent ce soir-là et envers lequel Abdelhakim Meziani ne tarira pas d'éloges. Ont rehaussé ces festivités de leur présence également Mohamed Kheznadji et Sid-Ahmed Serri, l'autre garant de la mémoire de notre musique classique algérienne. Au cours de cette soirée placée également sous le signe de l'authenticité, il sera question de nous rappeler l'importance de notre culture «qui détermine notre avenir». Ainsi, c'est en signe de solidarité qu'un concert animé par trois formations musicales représentantes des trois écoles de musique andalouse a été donné. Une idée nous apprend-t-on de Sid-Ahmed Serri qui l'a voulue ainsi dédiée à la Casbah. C'est l'école d'Alger représentée par El Gharnatia de Koléa qui a entamé cette manifestation, sous la direction du chef d'orchestre Saoudi Mohamed. Une formation qui est devenue grâce à son premier président Mahiedine Belouti, le carrefour de la musique andalouse par excellence. Suivra en deuxième lieu, Nessim El Andalous, une grande formation musicale de Tlemcen, installée à Oran. Sous la houlette du chef d'orchestre Ghoul Belkacem, les musiciens berceront de leurs mélodies l'âme du public. Et c'est le grand Hamdi Bennani, chantre du malouf, qui clôturera en apothéose cette qaâda enchanteresse. L'histoire d'une épopée tout en musique fut contée avec talent mais aussi avec éloquence par l'orateur, membre fondateur de la Fondation Casbah, M.Meziani qui a rappelé combien ces vieilles villes ont besoin de notre appui indéfectible pour que ne s'efface pas notre histoire. En effet, au moment où l'on se prépare activement à célébrer la ville d'Alger en la plaçant sous le signe : «Capitale du monde arabe» -rien que ça !- il serait déjà préférable de resituer Alger dans sa configuration géo-hisorique en lui restituant ses lettres de noblesse en veillant à sauvegarder ses murs qui s'écroulent de ne pas avoir trouvé de support humain pour «la soutenir». Un lieu qui, pourtant, fait la fierté de nos autorités dans leurs plus beaux discours. Mais cela ne suffit pas hélas!