c'est la première fois, depuis bien longtemps qu´un centre de préparation en altitude a été créé, il ne l´a pas été sous l´action du MJS. Le centre de préparation en altitude de Tikjda est fermé depuis quelques jours. Sa fermeture a été ordonnée par le ministère de la Jeunesse et des Sports suite à la visite effectuée sur le site, le 5 février dernier par le premier responsable du secteur, M.Yahia Guidoum. La première remarque qui vient à l'esprit est que celui qui avait inauguré le centre au mois de juillet dernier et celui qui vient d'en ordonner la fermeture sont une seule et même personne. Il ne viendrait, en effet, à l'idée de personne de croire que les services du MJS qui ont pris cette décision jusqu'à la rédiger n'aient pas mis au courant leur propre ministre. Il semblerait que le jour de sa visite d'inspection du 5 février, M.Guidoum ait pris en compte les doléances des athlètes de l'équipe nationale d'athlétisme qui se seraient plaints du fait que la chaudière du site n'était pas en état de fonctionner. Un organisme national de certification, l'Enact, aurait «effectué deux expertises qui ont conclu à la non-conformité de l'installation du chauffage et ont recommandé la reprise du système, donc à la fermeture des locaux pour la durée des travaux», nous indique une «précision» adressée à notre rédaction par le MJS. Ce qui laisse entendre que les athlètes pourront revenir sur le site dès que les travaux seront achevés. Quand le seront-ils? Cela est une autre histoire qui relève de la volonté et de la célérité des gens. Pour bien comprendre le problème, il nous semble utile de le prendre à son début. A l'origine le centre de Tikjda était constitué de studios dont chacun disposait de sa propre cuisine. Par la suite, le ministère de la Jeunesse et des Sports s'en est servi comme centre d'entraînement en altitude. De nombreuses équipes nationales étaient passées par ce centre dans les années 60, 70, 80. De par sa situation dans le massif du Djurdjura (il est à cheval entre deux wilayas, celle de Bouira et celle de Tizi Ouzou), le site avait été la proie des hordes terroristes durant la décennie noire. Pendant toute cette période il avait été déserté et une grande partie de ses structures avait été saccagée. Après le retour au calme, le centre a tenté de reprendre ses activités. Cependant, il lui était impossible, faute de moyens, de retaper tout ce qui avait brûlé. Bon nombre de ministres de la Jeunesse et des Sports ont évoqué sa restauration mais aucun d'eux n'a pu aller au bout de sa conviction. C'est, donc, le Comité olympique algérien qui s'est proposé de s'investir dans le projet avec l'accord, bien sûr, du MJS et des plus hautes autorités du pays. En vertu d'une convention signée le 17 avril 2004 avec le Centre national des loisirs et du sport de Tikjda (Cnlst), l'organisme, sous tutelle du MJS, propriétaire des lieux, le bâtiment E du centre a été cédé au COA pour une durée de 5 ans renouvelable à la condition que ce dernier procède à la rénovation des lieux. Le COA s'est, alors, engagé dans son entreprise mobilisant des sponsors ainsi que le CIO, l'Iaaf et le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia. C'est ainsi qu'en juillet 2005, M.Yahia Guidoum, a été invité à procéder à l'inauguration du centre olympique du Djurdjura, un centre destiné à la préparation des sportifs de haut niveau (d'élite) en altitude. Ce jour-là, le ministre n'a pas tari d'éloges sur ce qui avait été entrepris par le COA et devant une nombreuse assistance, il a indiqué que tout le centre allait être cédé (donc pas seulement l'aile E) et que plus un athlète d'élite n'irait se préparer à l'étranger en altitude. Surgit alors, le problème de la chaudière. Il y en avait une à Tikjda et elle convenait, nous a-t-on dit, pour le chauffage de tout le site. Seulement, elle a été enlevée par le Cnlst qui a procédé à son remplacement par une autre. Cette seconde chaudière est sur le site depuis des mois mais ne chauffe rien par défaut de branchement, une carence qui relève de la responsabilité de celui qui avait enlevé l'ancienne pour la remplacer, c'est-à-dire le Cnlst, l'organisme sous tutelle du MJS. Il n'empêche que l'équipe nationale d'athlétisme ne pouvait pas perturber son cycle de préparation et c'est encore une fois le COA qui est intervenu en procédant à l'achat de radiateurs à bain d'huile pour toutes les chambres (117 au total) occupées par des athlètes. Des athlètes dont la prise en charge totale de la préparation est assurée par le COA, la Fédération algérienne d'athlétisme n'ayant pas encore reçu de la part des services du MJS la subvention destinée à cette préparation. Et celle-ci a porté ses fruits puisque les sportifs qui ont effectué ce stage en altitude n'en finissent pas de dominer le circuit de cross organisé par la FAA. Le MJS a, peut-être, raison de demander des expertises pour voir si les conditions pour l'hébergement sont réunies. Seulement on ne manquera pas de faire remarquer que pour la première fois, depuis bien longtemps, qu'un centre de préparation en altitude a été ouvert, il ne l'a pas été sous l'action du MJS. De l'indépendance à nos jours, l'Algérie disposait de deux centres de ce genre, celui de Tikjda et celui de Seraïdi dans la wilaya de Annaba. Le premier a été saccagé par les hordes terroristes et n'a pas été rénové par le MJS mais par le COA. Le second a été squatté et ne sera plus opérationnel pour le sport si l'on en croit le ministre. Cela n'est pas sans nous rappeler l'histoire du complexe sportif du Caroubier dans la banlieue d'Alger. Ce complexe, propriété du MJS, servait à des regroupements de sélections, à des stages pour arbitres, à des séminaires, etc... jusqu'au milieu des années 80. Il avait été, ensuite, peu à peu délaissé pour tomber dans l'oubli alors qu'il disposait de terrains de basket-ball, de volley-ball, de football et même d'une piscine. En 1992, Mme Leila Aslaoui, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, avait pris la décision de le céder au CR Belouizdad pour qu'il en fasse son complexe sportif. Suite à cela, les dirigeants du Chabab, à leur tête feu Hamid Ait Igrine, avaient entrepris un vaste chantier de rénovation d'un site qu'ils avaient trouvé dans un état d'abandon avancé avec des herbes sauvages qui poussaient partout et des tonnes d'ordures et de gravats. Le CRB n'en a pas fait un bijou mais, au moins, avec ses faibles moyens, il a contribué à redonner vie à un centre qui voit aujourd'hui affluer vers lui des dizaines de jeunes quotidiennement. La loi 04-10 sur le sport stipule en son article 23 que «l'Etat avec la coordination et la contribution des collectivités locales assure la création de centres de regroupement et de préparation des talents et de l'élite sportive». Cette disposition n'est pas nouvelle. Elle existait dans les articles des lois précédentes mais on n'a pas vu l'Etat, par le biais du MJS, construire ces fameux centres de regroupement et de préparation notamment ceux pour l'indispensable préparation en altitude. Ce n'est que très récemment que des salles, construites depuis un moment, ont été affectées à quelques rares fédérations mais cela demeure très insuffisant. En tout cas, il serait souhaitable que les travaux à Tikjda soient entamés dans les meilleurs délais (selon une information rapportée par l'APS ils auraient commencé et ne devraient pas excéder dix jours. Attendons pour voir si cette belle promesse sera tenue). Par la fermeture du centre c'est toute la préparation de l'équipe nationale d'athlétisme qui est perturbée. En outre, on a appris que le MCA qui s'apprêtait à envoyer ses athlètes à Tikjda, aurait pour intention de se tourner vers le centre marocain d'Ifrane. Une fermeture c'est bien, le tout est de proposer des solutions de rechange.