Les directeurs régionaux du ministère des moudjahidine font le point sur le front social. Mohamed-Chérif Abbès, ministre des moudjahidine, estime qu' «une loi ne peut jamais changer le cours de l'histoire». Mais il considère qu'il y a un net recul du côté français par rapport à la loi du 23 février qui glorifie le colonialisme. «Ils ont essayé de dénaturer notre culture pendant 132 ans, en détruisant nos mosquées et nos écoles mais ils ont échoué», ajoute-t-il lors d'une rencontre avec la presse, en marge de la réunion des directeurs de wilaya. Le ministre a également indiqué que l'écriture de l'histoire est en cours; «2400 enregistrements de témoignages ont été réalisés ainsi que 130 livres», en sus des musées et des centres de documentation qui sont en cours de réalisation. Il promet aux journalistes de leur faire visionner les enregistrements des cassettes le moment opportun. Rappelons que des associations de la famille révolutionnaire partagent le même souci vis-à-vis de l'écriture de l'histoire. Certaines, comme la Fondation de la wilaya IV historique ont pris des initiatives; le colonel Hassan avait indiqué récemment que la Fondation compte sur ses propres ressources pour réunir les témoignages parce que l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) n'a pas les moyens. L'Organisation des enfants de chouhada (Onec) vient de réaliser un film qui répond «admirablement» -selon la formule de Tayeb Houari- aux rédacteurs de la loi du 23 février. Beaucoup d'acteurs de la guerre de libération participent collectivement ou individuellement à l'écriture de l'histoire. C'est dire qu'après 40 ans, les langues se délient et que la vérité finira par triompher. Interrogé hier par un journaliste sur les «faux moudjahidine», Chérif Abbès a évité de répondre à la question. Boudina, président de l'Association des condamnés à mort, a répondu l'avant-veille que «dans 15 ans il n'y aura ni vrais ni faux moudjahidine». On aura soldé le compte de la polémique qui a assez duré. Les 48 directeurs de wilaya, affiliés au ministère des Moudjahidine, ont présenté hier leurs rapports régionaux. Il ressort de ces rapports l'aspect social; comme les soins, les saunas, les vacances, etc., préoccupations auxquelles le ministre répond: «Le ministère n'envisage aucun projet de construction en ce sens.» Mais ces centres existent un peu partout. Et ils sont nombreux. Les dérogations sont faites pour permettre aux ayants droit d'y accéder. Les musées, par contre, ne sont pas nombreux. Le ministre insiste sur leur réactivation. Encore faudra-t-il trouver les profils pour les rendre performants. Une fois, lors d'une visite d'un musée à Tarf, nous avons trouvé un simple schéma des lignes Challe et Morice. Lorsqu'on a demandé au directeur du musée de nous montrer des spécimens des lignes, il a répondu: «Il y a seulement des maquettes. Il n'y a aucune trace des lignes.» Pourtant, l'histoire de la guerre de Libération s'est faite en grande partie autour des ces deux lignes. On serait tenté de dire: «N'est pas moudjahid -de vrai- celui qui n'a pas franchi au moins une fois la ligne Challe ou Morice».