La menace du retrait d'agrément de l'Unpef pourrait attiser davantage la tension entre les deux protagonistes. Une fois de plus, le bras de fer Education-syndicats est d' actualité sur la scène nationale. Mais cette fois-ci, c'est sous une autre forme. C'est-à-dire qu'il ne s'agit plus, du moins pour l'instant, de grèves. C'est la tutelle qui annonce la couleur. En effet, le département de Benbouzid compte saisir le ministère du travail, dans les prochains jours, pour procéder, d'une manière «officielle», au retrait de l'agrément de l'Unpef. Dans une correspondance destinée à ce syndicat, le ministère de l'Education explique cette décision par le fait que ce syndicat «a enfreint la loi relative à l'exercice du travail syndical». Cette transgression de la loi réside, selon les explications du ministère, dans l'adhésion dudit syndicat à la coordination intersyndicale, non reconnue par la loi, ce qui a permis d'assurer à celle-ci une couverture juridique de nature à «légitimer» d'autres mouvements de grève, au mépris de la décision de justice ordonnant aux syndicalistes d' arrêter leur mouvement de protestation. La tutelle reproche aussi au syndicat de continuer à diffuser des communiqués pour inciter à une poursuite du mouvement de débrayage, tout en défiant les décisions de la justice. Ces explications ont été, d'emblée, rejetées par les responsables de l'Unpef. Réagissant à cette note, les responsables du syndicat en question, l'Unpef en l'occurrence, estiment que le ministère n'a pas le droit de prendre une décision pareille. Pour ces responsables, une plainte sera déposée auprès de la justice pour trancher cette question. «Nous ne sommes pas inquiets. Car ni le ministère de l'Education et encore moins celui du travail, ne peuvent procéder au retrait de l'agrément. Nous allons saisir la justice à qui le dernier mot reviendra», a déclaré le président de l'Unpef, M.Idar. Et d'ajouter «la tutelle vise à travers cette «décision» à déstabiliser non seulement l'Unpef, mais aussi à tuer le travail syndical». Concernant la non-conformité de l'Unpef à la décision de justice qui a ordonné l'arrêt la grève, M.Idar explique que son syndicat a appelé au gel de la protestation. «Nous avions lors d'un communiqué, que nous n'avons malheureusement pas pu publier dans la presse, appelé la base à respecter, à appliquer la décision de justice et à geler par conséquent le mot d'ordre de grève» justifie-t-il. Ainsi, les protagonistes se livrent, semble-t-il, une nouvelle bataille qui n'a pas de fin. D'autant plus que les syndicalistes ne songent pas à baisser les bras. Il menacent, une nouvelle fois, de mener un vaste mouvement de protestation. Toutefois, ils n'écartent pas la possibilité d'avoir recours à une grève illimitée. «Nous allons procéder à tous les recours légitimes pour faire entendre notre voix».Par la même occasion, les responsables de l'Unpef comptent saisir leur collectif d'avocats, en premier lieu, afin de saisir ensuite les instances internationales de l'Education. «Nous interpellons la classe politique, la société civile, les organisations nationales des droits de l'homme, les parlementaires à soutenir le libre exercice du travail syndical», enchaîne-t-il. S'agissant des dires de la tutelle selon lesquels l'Unpef est utilisée comme couverture par la coordination de l'intersyndicale pour organiser les mouvements de grève, M.Idar refuse «catégoriquement» l'accusation. «Nous sommes un syndicat conscient des enjeux. On ne pourra jamais nous utiliser pour les intérêts autres que ceux des enseignants». L'autre point qui pourrait attiser la tension, est l'adhésion et le soutien des autres syndicats à la démarche de l'Unpef. Dans ce sens, et lors d'une réunion de concertation et de consultation tenue hier au siège de l'Unpef, les membres de la coordination, regroupant cinq syndicats, à savoir CLA, Cnapest, Satef, Sete de Béjaia et l'Unpef, ont décidé durant une semaine de consulter la base sur les nouvelles décisions à prendre dans les tout prochains jours. Pour le CLA, cette action de la tutelle exprime «la volonté de l'Etat, à travers son ministère, de liquider le travail syndical, notamment après le soutien total que nous ont accordé les partis politiques», déclare un membre du bureau du CLA. Pour le même syndicaliste, cette décision révèle la volonté de la tutelle qui cherche à déstabiliser la coordination intersyndicale. Dans ce contexte, la question qui mérite d'être soulevée est de savoir quelles seront les conséquences qu'engendrera ce bras de fer? Sachant bien que la menace d'une grève prolongée n'est pas à écarter. La tutelle a tenu sa «promesse» du retrait sur salaire des 5 journées de grève des enseignants. Les syndicalistes persistent et signent, de leur côté, façon de démontrer leur détermination à ne pas céder aux menaces de la tutelle. Ainsi, les enseignants et travailleurs, semblent prêts à sacrifier leurs salaires, en déclenchant une grève qui dure dans le temps. En outre, sont-ils prêts à sacrifier leurs postes de travail, sachant bien que le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia a déclaré, l'année passée, que l'Etat était prêt à sacrifier tous les enseignants grévistes, en les licenciant de leurs postes et à les remplacer par des universitaires. Il reste à savoir, maintenant, à quoi mènera cette situation devant les menaces des uns et la détermination des autres.