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La population ferme les bars «sauvages»
MAÂTKAS
Publié dans L'Expression le 22 - 06 - 2008

Ces revendeurs clandestins se sont installés, d'abord, en catimini avant de squatter carrément les lieux, y compris l'ancienne gare ferroviaire.
La gare des Maâtkas est un lieudit, autrefois, gare de chemin de fer et localité commerciale assez importante avant que la voie ferrée ne soit remplacée, vers 1947, par l'actuel CW128; durant la guerre de Libération nationale, ce lieu est devenu une zone interdite et, enfin, pour compléter le tableau, la violence que connaît le pays depuis les années 90 a fini par rendre ce lieu aussi lugubre que sinistre.
Depuis quelques années, et au grand dam des quelques familles habitant encore ce lieu et aussi d'autres des environs, comme celles des villages de Aït Essaïd Ou M'hamed qui ont des champs dans cette localité, des gens sans scrupules et immoraux, ont fait de ce lieu un endroit infréquentable.
C'est ainsi que les revendeurs de boissons alcoolisées, généralement clandestins, se sont installés en catimini, d'abord, avant de squatter carrément les lieux. L'un d'eux a même fait mieux. Il a squatté carrément l'ancienne gare de chemin de fer, l'a reconstruite et en a fait un «cabaret» où évoluent, à leur aise, des femmes de mauvaise vie et ce à un jet de pierre des habitations de la localité. Cette situation a déjà été dénoncée par les riverains. En effet, vers la fin des années 90, les gens d'Aït Essaïd Ou M'hamed, ulcérés par des scènes insupportables, notamment pour les familles travaillant leurs champs situés en cet endroit, s'en étaient pris aux revendeurs de boissons alcoolisées et ont essayé de les chasser de là. En vain. Ces revendeurs semblaient tenir à l'endroit.
Plus tard, un autre est venu s'installer non loin au lieudit Tighorfatine. Le plus étonnant est que même les terroristes, que l'on dit passent en ces lieux de temps à autre, ne les ont pas chassés de cet endroit. Ce qui donne du poids à la thèse avancée faisant état d'une certaine complicité. Les gens pensent que ces revendeurs s'acquittent d'une...pour être tranquilles. Alertées plusieurs fois, les autorités ont essayé de fermer les lieux en détruisant les débits de boissons alcoolisées. Le vendredi 13 juin, les villageois, après s'être concertés la veille, se sont retrouvés sur le CW128 au niveau de la gare des Maâtkas et ont commencé par barrer la route pour signifier leur colère. Ensuite, et comme fatigués d'attendre que l'on vienne leur rendre justice, ils s'en sont pris aux locaux. Après avoir chassé les propriétaires et les consommateurs trouvés sur place, ils ont mis le feu aux deux «bars», détruisant même les locaux de l'ancienne gare de Maâtkas. La foule en furie n'a pratiquement pas fait de quartier. Les gens disent: «On n'est pas des sauvages, mais on a attendu depuis des années, nos champs ne sont pas cultivés et nos familles ne pouvaient guère passer par ici.»
Les riverains sont aussi assez contents des résultats. «Comme cela, ces revendeurs apprendront à respecter les gens. On n'est pas contre les gens, s'ils veulent vendre des boissons alcoolisées, cela ne nous regarde pas, mais pas à côté des maisons, tout de même! Et en plus ils font venir des femmes!»
Désormais, le silence et la quiétude règnent en ces lieux et les gens espèrent que cette leçon, ajoutée à l'intervention des forces de sécurité, aura enfin raison de ces «pollueurs de l'environnement».


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