La dernière grâce présidentielle, annoncée à l'occasion de l'Aïd El Fitr et de la fête du 1er Novembre 1954, a touché 5300 détenus, a-t-on appris auprès de la direction générale de l'administration pénitentiaire. Cette mesure a suscité de nombreuses interrogations parmi les familles des détenus, lesquelles n'avaient aucune information sur les éventuels élargis et ceux qui ont bénéficié d'une remise de peine. En effet, l'annonce faite à travers un communiqué rendu public le 22 octobre par la Présidence a fait état de remises totales et partielles au profit des détenus condamnés primaires et des condamnés ayant déjà fait l'objet de peines privatives de liberté. Le communiqué a précisé, toutefois, que cette mesure exclut « les personnes concernées par l'ordonnance portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale » (pour ne pas dire les terroristes), les personnes condamnées définitivement pour avoir commis ou tenté de commettre des infractions à la paix et à la sécurité publiques, à l'intégrité physique des personnes et aux mœurs, sans pour autant être plus explicite sur les catégories bénéficiaires. Ce qui a poussé de nombreuses familles de détenus à se ruer devant certains établissements pénitentiaires, notamment ceux d'El Harrach et de Serkadji, pour ne citer que ceux-là, dans l'espoir de voir leurs proches libérés. Contactés, les responsables de l'administration pénitentiaire ont expliqué que cette mesure touche surtout les détenus primaires (non récidivistes), parmi lesquels ceux ayant été condamnés définitivement à une peine égale ou inférieure à 12 mois ont été libérés et les autres ont bénéficié d'une remise de peine allant de 7 à 12 mois. Nos interlocuteurs ont précisé que depuis quelques années, les mesures de grâce « ne sont appliquées qu'au profit d'une catégorie de détenus assez limitée et vise essentiellement les primaires dans l'objectif d'encourager et de faciliter leur réinsertion au sein de la famille et de la société en général ». En effet, à en croire nos sources, cette mesure ne concerne pas les détenus jugés pour des affaires de vol, de corruption, d'homicide, de commercialisation de drogue, de dilapidation de deniers publics, de viol, d'association de malfaiteurs, de violence sur ascendants, de trafic de monnaie et de billets, de contrebande et de terrorisme. Ce qui représente une large catégorie de pensionnaires des établissements pénitentiaires. « Notre souci est de ne pas encourager la récidive mais de faire en sorte que la mesure de grâce soit exceptionnelle et méritée de par le comportement du détenu, mais également les circonstances du délit qu'il a commis », a conclu notre source. A signaler que dans le cadre de l'application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, 2800 détenus, impliqués dans des affaires de terrorisme, jugés définitivement ou en instance de jugement, ont été élargis au mois d'avril dernier. Quelque 5000 autres ont bénéficié de la même mesure en janvier 2000, dans le cadre de la mise en application de la loi portant rétablissement de la concorde civile. A ces mesures sont venues se greffer, tout au long des années 2001, 2002, 2003 et 2004, mais au profit des détenus relevant du droit commun, des mesures qui, si d'un côté ont permis de réduire la concentration des prisonniers dans les prisons, elles ont néanmoins eu des répercussions négatives sur la petite criminalité, dont le taux de récidive a dépassé les 45%. Ce qui a poussé les responsables à revoir les critères sur lesquels repose la mesure de grâce.