C'est à la faveur de la situation sécuritaire, de l'état d'exception que des responsables, chargés de la gestion du patrimoine public, vont dilapider les meilleurs espaces constructibles en les cédant à des spéculateurs. De nombreux projets d'utilité publique à travers la wilaya de Bouira, souffrent de paralysie à cause des problèmes de terrain. L'ensemble des communes au nombre de 45, ne dispose pas d'un portefeuille foncier susceptible d'éviter des blocages en cas d'affectation de projets. Quand c'est le cas, les terrains sont cédés moyennant des «tchipas» et autres moyens occultes qui font dire à la vox populi que le foncier reste le créneau d'une maffia locale dont les ramifications s'étendent à l'administration. Ces appréhensions, heureusement pas toujours justifiées, trouvent des arguments dans le dossier du Calpi. Le Comité administratif local pour la promotion de l'investissement, mis en place par les pouvoirs publics pour redynamiser l'investissement et, par conséquent, créer de l'emploi sera une opportunité offerte à des cercles occultes qui s'adonneront à la spéculation dont les seuls bénéficiaires seront ces pseudo-investisseurs et leurs relais. Entre 1990 et 1998, la wilaya comptabilise 190 demandes de terrains pour des projets d'investissement dans l'immobilier et quelques autres domaines relevant des secteurs de l'industrie ou de l'agroalimentaire... Seuls 66 sont en phase d'aboutissement. Le reste a été annulé sur décision de l'ancien wali, pour non-conformité avec les cahiers des charges qui définissent l'activité, l'ampleur du projet, les conditions de cession du terrain et les autres paramètres réglementaires. La commission sera élargie aux élus locaux pour permettre une meilleure maîtrise du dossier. C'est à la faveur de la situation sécuritaire, de l'état d'exception que des responsables chargés de la gestion du patrimoine public vont dilapider les meilleurs espaces constructibles en les cédant à des spéculateurs. Plus de 100.000 mètres carrés seront attribués au niveau du chef-lieu. L'exemple de la parcelle sise entre les cités 70 et 130 logements vendue officiellement aux enchères, mais en réalité offerte à des investisseurs loin d'être crédibles financièrement, est édifiant. L'autre exemple qui émerge au vu de la liste des bénéficiaires est celui de l'ex-chef de cabinet de l'ancien wali actuellement à El-Tarf, lequel chef de cabinet avec un maire d'une commune de la wilaya de Béjaïa avaient bénéficié de lots à bâtir et de logements sociaux. Si pour ce dernier et suite à son désistement, le terrain a été récupéré, le premier responsable lui vendra et le lot et le logement de la cité des 70 logements pour aller profiter de cette rente à Tissemsilt. La même liste regorge de noms de la même famille qui projettent tous de bâtir des coopératives immobilières dont les travaux à ce jour n'ont jamais commencé et s'ils le sont, les habitations ont été reconverties en villas luxueuses individuelles... S'agissant des anomalies comprises dans cette liste, toutes les pages de notre édition ne suffiraient pas à les contenir. Le président de l'APW, au sujet de ce dossier, avait déclaré dans une des précédents sessions que: «le Calpi à Bouira, a en 10 ans, créé 3 emplois!» Cette affirmation se passe de tout commentaire et résume pleinement l'état de déliquescence auquel est arrivé le foncier à Bouira. La crise du logement et le mécanisme mis en place pour l'atténuer restent du ressort exclusif de l'Etat qui, à travers ses organismes, continue à la gérer seul. Le LSP en recourant à des poches jusque-là prévues pour les accessoires inhérents à la quiétude du citoyen est, à son tour, victime des méfaits de ces anciens responsables qui se sont remplis les poches en bradant le bien public dans une impunité totale. Certes le wali Maâzouz avait annulé des décisions, geste qui montre que l'Etat peut-être crédible quand il le veut, mais cette décision reste incomplète tant qu'elle n'est pas suivie par d'autres plus dissuasives telle la chasse aux «maffieux» à tous les niveaux.