La russie cherchera surtout à se replacer dans sa véritable place d'allié traditionnel d'Alger. Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine, effectuera une visite d´Etat, les 9 et 10 mars en Algérie selon des sources officielles. Poutine répond ainsi à une invitation de son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, qui avait effectué une visite officielle en Russie en avril 2001. Les relations algéro-russes, quelque peu en arrière plan, ont repris de la vigueur comme en témoigne la visite effectuée à Alger, avant-hier, par Alexiey Koubrine, ministre russe des Finances. L'envoyé spécial du président de la Fédération de Russie a été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. On peut estimer que, hormis les relations bilatérales, l'armement, le gaz et les positions partagées vis-à-vis des questions internationales de l'heure, seront à l'ordre du jour comme il sera question, à l'évidence, de la dette. Poutine, qui sera à Alger le 9 mars prochain, poursuit son entreprise de redonner à la Russie sa dimension de grande puissance et aura à coeur de replacer la Fédération de Russie à la place d'allié traditionnel de l'Algérie. Jusqu'en 1990, c'était Moscou qui s'occupait d'équiper les armées algériennes et de former des officiers militaires de haut niveau. La période de «flottement» comprise entre 1990 et 2002, avait relégué les relations bilatérales entre Alger et Moscou avec un impact certain sur la coopération entre les deux pays. En fait, et pour des raisons stratégiques, autant que politiques et économiques, Moscou et Alger ont marqué une longue pause. La Russie, après l'éclatement de l'Union des Républiques socialistes soviétiques, se retrouva à quelque chose près, dénuée de tout et, hormis ses grandes capacités militaires et ses énormes ressources énergétiques, obligée de repartir à zéro. A partir de là, Moscou s'est surtout concentré à récupérer ses créances auprès des pays amis, dont l'Algérie, qui devait à Moscou plusieurs centaines de millions de dollars. Certaines sources estimaient à la fin de l'année 2002, à 1,5 milliard de dollars la dette algérienne auprès de ses fournisseurs d'armes et d'équipements russes. Alger, de son côté, au plan militaire et stratégique, voulait diversifier son armement, et se tourna de fait vers la République tchèque, la France et les Etats-Unis, devenus ses nouveaux fournisseurs. Depuis les événements du 11 septembre 2001 notamment, Washington a resserré ses liens avec Alger, consentant à lui fournir un nouvel armement et de nouveaux équipements militaires. Toutefois, Alger a dû relativiser son intérêt pour les autres pays occidentaux. Equipée à 80% par l'armement russe, l'institution militaire algérienne avait encore besoin d'une coopération militaire, notamment en matière de maintenance des équipements et de formation d'officiers (pilotes de Mig, parachutistes, etc.). Cette exigence est d'autant plus réelle que, en fait, l'armement russe, présenté par l'Occident comme vieilli et largement suranné, n'a jamais cessé d'être transformé par les experts et techniciens russes, de sorte qu'il représente, en réalité, un armement qui fait concurrence à ce qui existe de meilleur sur le marché du commerce de l'armement militaire. D'un autre côté, les élites formées dans les écoles militaires soviétiques, occupent aujourd'hui de hautes fonctions dans la chaîne de commandement de l'ANP et entretiennent les meilleures relations qui soient avec leurs homologues russes. Le rapprochement se fera, donc, sur la base d'une longue tradition d'amitié perturbée d'une part par la Perestroïka russe et d'autre part par l'entrée de l'Algérie dans une décennie de graves turbulences politiques (1989-1999). D'autant plus que Moscou veut, cette fois-ci, non pas récupérer son argent, mais investir en Algérie et pénétrer en force le marché algérien en constante évolution. Il y a quelques jours, en pleine crise gazière, la Russie et l'Algérie ont convenu de développer une coopération tous azimuts en matière de prospection, d'extraction, de transport, de traitement et de commercialisation du gaz naturel. L'information a été donnée à la mi-février par la compagnie Gazprom à l'issue de la visite d'une délégation du géant gazier russe en Algérie, et diffusée à Moscou par l'agence Ria-Novosti. Aussi, la venue à Alger du président russe sera l'opportunité pour les deux pays, qui ont une longue tradition d'amitié et de coopération, de mettre à jour des relations que les conjonctures nationales et internationales avaient relativisées.