Ceux qui doutent encore que les mouvements de redressement sont une maladie chronique dont est gravement atteint le vieux parti, viennent d'avoir une preuve éclatante. L'encre du procès-verbal sanctionnant la réunion extraordinaire du comité central du parti n'a pas encore séché que les mouvements de redressement repartent. Dans un long communiqué publié, hier, Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement de redressement FLN, rejette dans le fond et dans la forme « toutes les décisions qui ont résulté de la dernière réunion du comité central au Club des pins le 30 mai dernier». C'est durant cette réunion, que Abou El Fadl Baâdji a été plébiscité nouveau secrétaire général du FLN. Dans son communiqué, Abada avait dénoncé la cooptation du nouveau patron du parti estimant qu'il appartient à la même lignée que celle de Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï, tous deux ex-SG du FLN, et qui sont actuellement détenus à la prison d'El Harrach. Abada n'a aucun doute quant à la nomination de Abou El Fadl Baâdji qui s'est faite «sur instigation de Amar Saâdani». Plus virulent, le communiqué avertit sur le parcours militant du nouveau patron du FLN allant jusqu'à préciser qu'il a «des accointances avec des cercles hostiles à la sécurité du pays». Des révélations qui peuvent faire l'effet d'une bombe tant l'accusation est grave au sujet du chef de l'ex-première force politique du pays. Pour mettre fin à cette «dérive», Abada a lancé un appel, dans son communiqué, à la constitution d'une commission nationale composée de militants sincères en vue d'organiser « un congrès souverain durant lequel sera élu un secrétaire général digne des idéaux et des aspirations du FLN». Coïncidence ou campagne médiatique bien orchestrée, le même jour un autre opposant à la direction du parti, Annane Riadh, signe un communiqué au nom du mouvement de rassemblement des militants du FLN, et avec la même virulence torpille la dernière réunion du comité central, lançant un appel pour sauver le parti «kidnappé depuis 2012 par une bande de mafieux». Ces remous interviennent au moment où le FLN tente de se redresser après une grave crise qui l'a secoué et un rejet massif par le Hirak l'accusant d'avoir cautionné la dilapidation des richesses du pays. La tâche se complique pour le FLN qui ne semble plus avoir les faveurs des hautes autorités du pays. Au lendemain de la tenue inattendue de son congrès, la scène politique a crié au scandale dénonçant le recyclage par le pouvoir du FLN et du RND. 48 heures plus tard, le ministre-conseiller, porte-parole de la Présidence, est obligé de monter au créneau pour apporter une précision de taille et étouffer dans l'oeuf de graves spéculations. Ainsi, Belaïd Mohand-Oussaïd avait jugé impératif d'affirmer que ni le chef de l'Etat ni le Premier ministre ne sont affiliés au FLN et au RND. Cette «mise au point» sonne le glas d'une époque: celle où le secrétaire général du FLN chuchotait à l'oreille du président et le temps des louanges et de la flagornerie est désormais révolu.