Le monde occidental des affaires redouble d'attention envers le marché algérien comme viennent l'attester les différentes visites en Algérie de délégations tant économiques que politiques. Tous ces déplacements, à caractère surtout économique, tendent à conforter l'intérêt accru de l'Union européenne et témoigner de l'adhésion de cette entité économique à l'approche «Global Méditerranée» mise au point en 1972 dont l'essentiel vise à soutenir et accompagner le développent économique et social des pays de la rive sud de la Méditerranée. Faut-il rappeler également que le Conseil de l'Accord d'association Algérie-UE se réunissait à peine 6 mois après son entrée en vigueur le 1er septembre 2005 ou encore les visites récentes des présidents portugais De Sampaio et brésilien Lulla da Silva au terme desquelles des accords de coopération économique bilatéraux ont été signés. Juste après la récente visite du secrétaire d'Etat au Foreign Office, Jack Straw, le «risque Algérie» gagnait des points à Londres pendant que la destination Alger n'était plus «déconseillée» aux Britanniques. Ces décisions positives viennent à point nommé pour conforter l'idée d'un Forum à Londres sur l'investissement en Algérie des hommes d'affaires du Commonwealth, communauté qui regroupe des capitaines d'industrie de renom comme ceux de l'Inde. Les diverses visites de responsables britanniques et américains, sommes-nous enclins à considérer, cherchent-elles à contrebalancer d'autres efforts dispensés par la communauté francophone de par le monde ? Josian Aurokium, directeur de projet au Comonwealth Business Council (CBC) s'en défend bec et ongles expliquant à L'Expression que «CBC est un organisme autonome qui n'a aucun lien parallèle avec le British Council ni avec l'organisation politique du Commonwealth». Rencontré, mardi, la veille de son départ d'Alger après un court séjour riche en contacts, Josian Aurokium, la mine joviale, basanée de par son origine mauricienne, et maniant parfaitement les langues de Molière et Shakespeare, n'a pas caché sa confiance en l'avenir des investissements directs en Algérie provenant de la communauté des affaires du Commonwealth. Il indiquera que l'un des buts essentiels de CBC est de mettre en avant le «Global Trade», l'investissement et de partager aussi la prospérité ainsi dégagée de l'Algérie. Il a notamment développé l'intérêt suscité auprès de CBC par les jeunes Algériens diplômés et investisseurs potentiels, qu'il faut aider à s'affirmer. «Une aide financière ainsi qu'une formation pourraient leur être proposées en Grande-Bretagne afin qu'ils puissent concrétiser une innovation ou une idée». Le CBC peut aider un jeune chercheur ou diplômé à trouver une entrée dans beaucoup de domaines. Le représentant de CBC a déclaré qu'une information a été envoyée à tous les ministères économiques concernés pour qu'ils proposent un programme de travail au Forum qui reflèterait les besoins de l'Algérie en la matière. Les investissements, selon lui, auront une orientation hors hydrocarbures et devraient intéresser particulièrement l'éducation, l'industrie structurante, le commerce, la finance et autres secteurs multiples qui ont besoin d'énergies nouvelles comme la technologie et l'information, évoquant une sorte de Silicon Valley pour mieux illustrer ses dires et les ambitions de CBC. Il n'omettra pas non plus d'évoquer les secteurs de l'habitat et du tourisme, grands pourvoyeurs d'emplois et de richesses, ajoutant ceux du transport et des infrastructures. A travers le Forum de Londres, dont la date proposée au gouvernement est les 30 et 31 mai 2006 pour laquelle une confirmation est attendue, le CBC présentera sa stratégie qui vise à instaurer un climat de confiance pour les potentiels investisseurs. Outre les jeunes, ces projets peuvent concerner le secteur privé et le logement. A propos de ce volet, il insistera sur le risque de «ghettoïsation» de l'habitat en confondant vitesse et précipitation. A son avis, il faut planifier une construction sur mesure qui soit harmonieuse avec l'environnement, en prévoyant des espaces verts dans les cités et en favorisant le sport, vecteur essentiel pour l'intégration du jeune dans la société...en un mot construire intelligemment, dira-t-il, pour éviter les grandes crises urbaines comme celles qui ont secoué plusieurs villes européennes, générant des problèmes de délinquance. Dans l'urbanisme, il faut savoir éviter les erreurs passées. En Algérie, a estimé le représentant de CBC, le secteur de l'habitat doit être privilégié et le programme de construction d'un million de logements d'ici 2009 initié par le président Abdelaziz Bouteflika en est la preuve. Ce programme doit être empreint de culture de l'environnement, en redistribuant les valeurs civiques (devoirs) de sauvegarde des sites. Josian Aurokium n'a pas manqué de mettre le doigt sur le nécessaire développement du tourisme, selon un plan d'investissement et d'actions de 10 ans. Cette option pourrait intéresser de nombreux investisseurs en Algérie, comme cela a été fait à l'île Maurice ou au Maroc.