Le conseil des gouverneurs de l'Aiea va transmettre incessamment le dossier iranien à l'ONU. Comme il fallait s'y attendre, la réunion du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (Aiea) s'est achevée mercredi sur le constat du peu de progrès réalisés dans le dossier du nucléaire iranien, et l'optique d'amener Téhéran à renoncer à ses besoins d'enrichissement. Le refus opposé par Téhéran a été considéré par les Etats-Unis et l'Union européenne comme un manquement aux engagements pris par l'Iran dans le cadre du TNP et, plus particulièrement, dans son protocole additionnel qui permet des inspections (surprises) poussées par l'Aiea des installations nucléaires des pays signataires. Dès lors, il était patent que la suite ne pouvait être que la transmission du dossier iranien au Conseil de sécurité lequel aura, en dernier recours, à prendre les décisions appropriées qu'il estimera nécessaires, dans un dossier en fait complexe qui appelle à beaucoup de précautions de la part d'une institution qui n'a pas toujours agi en toute indépendance. L'envoi du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité a été annoncé mercredi par l'ambassadeur américain -auprès de l'Aiea- Grégory Shultz lequel, s'adressant à la presse, a indiqué que «le rapport du directeur général (de l'Aiea, Mohamed El Baradei) sera maintenant transmis à New York pour une action du Conseil de sécurité». Washington qui a atteint l'objectif qu'il s'est fixé, l'envoi du dossier iranien au Conseil de sécurité, se montrait satisfait et poursuivait ce week-end sa pression en vue de faire condamner l'Iran. Le numéro trois du département d'Etat, Nicholas Burns, qui n'a pas caché sa satisfaction de la saisine du Conseil de sécurité, qui a salué comme «le succès le plus significatif» de la diplomatie américaine le ralliement d'une large coalition -incluant notamment l'Inde, la Russie et la Chine- en vue du prochain débat, qui s'annonce houleux, du Conseil de sécurité sur le dossier iranien. Ce succès reflète, selon M.Burns, le fait que «l'inquiétude largement répandue à travers le monde représente un atout considérable pour nos efforts visant à contrer les ambitions nucléaires iraniennes». Dans une déclaration devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, M.Burns a estimé que «lundi ou mardi prochain, le Conseil de sécurité va commencer un débat très animé sur les ambitions nucléaires de l'Iran». Toutefois nombre de diplomates gardent l'espoir dans une solution diplomatique à l'instar du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, selon lequel la communauté internationale avait «l'obligation d'oeuvrer» à une «solution diplomatique» indiquant: «Nous sommes et restons obligés d'oeuvrer à une solution diplomatique, et la saisine du Conseil de sécurité de l'Onu ne signifie pas la fin de la diplomatie, au contraire», a déclaré le ministre social-démocrate (SPD) lors d'une conférence de presse à Berlin. Il en est de même du directeur général de l'agence internationale de l'Energie atomique, Mohamed El Baradei, qui estime aussi qu'un accord reste encore possible avec l'Iran, priant «toutes les parties de baisser le ton». M.El Baradei a indiqué en effet «Tout le monde recherche un accord politique. Ce qu'il nous faut à ce stade c'est que les gens baissent le ton» tout de suite après la fin de la réunion du conseil des gouverneurs de l'Aiea, mercredi à Vienne. Ce qui, en vérité, fait problème -dans le cas du dossier nucléaire iranien- est que l'action de la communauté internationale, et plus concrètement celle de son mentor américain, se fait visiblement de manière sélective quasiment à la tête du client. La pression est maintenue depuis plusieurs années sur l'Iran lorsque le seul Etat nucléaire -toujours pas déclaré en fait- de la région demeure Israël qui échappe curieusement à toute inquisition de la part de ceux-là mêmes qui se sont proclamés gendarmes du nucléaire international. Accusés justement de faire dans le clientélisme, à propos notamment du nucléaire indien, la Maison-Blanche, a réfuté mercredi, dans un communiqué, ces accusations indiquant: «A la différence de l'Iran et de la Corée du Nord, l'Inde est une démocratie pacifique, avec une forte volonté de non-prolifération nucléaire». Quant à la mansuétude que Washington observe à l'endroit d'Israël, la Maison-Blanche estime que le «statut» d'Israël, qui son «allié» n'est pas «comparable à celui de l'Inde» affirmant «Israël ne s'est pas déclaré comme une puissance nucléaire et n'a pas non plus exprimé de besoins énergétiques extraordinaires». Or, selon les services secrets et les experts américains Israël dispose de quelque 200 têtes nucléaires. En revanche, la Maison-Blanche revient aux menaces dès lors qu'il est question de pays de la région «En ce qui concerne les autres pays du Moyen-Orient, nous attendons de toutes les parties au TNP qu'elles respectent leurs obligations» indique le même communiqué, obligations qui, à l'évidence, ne s'appliquent pas à l'Etat hébreu. Le communiqué de la présidence américaine faisait de toute évidence allusion aux ambitions nucléaires exprimées récemment par l'Arabie Saoudite.