Les cours de l'or noir n'arrivent toujours pas à décoller véritablement. Même s'il est incontestable qu'ils ont fait un bond spectaculaire depuis leur descente aux enfers du mois d'avril dernier. Le Brent de la mer du Nord a enregistré une hausse de l'ordre de 170% alors qu'il était tombé autour des 16 dollars. Le pétrole américain qui a connu la pire journée de son histoire le 20 avril, en plongeant à moins 37 dollars, a de son côté fait un bond extraordinaire de 300%. Depuis quelques jours c'est un pas en avant, un pas en arrière. Les prix du pétrole restent plombés par le Covid-19. Ils sont coincés entre une seconde vague de coronavirus et une demande embryonnaire qui risque d'en pâtir. Les cours du Brent, référence du pétrole algérien s'affichaient à la baisse hier, en cours d'échanges, tout en se maintenant au-dessus des 40 dollars. Vers 13h00, heure algérienne, ils se négociaient à 41,22 dollars soit une baisse de 63 cents par rapport à la séance de la veille. Le pétrole américain n'allait guère mieux. Il s'affichait à 39 dollars, reculant ainsi de 70 cents. Le prix du WTI «n'a pas pu faire grand-chose après avoir atteint le niveau de 40 dollars et semble destiné à continuer à se consolider entre le niveau de 35 et 42 dollars au cours des deux prochaines semaines», a constaté Bjornar Tonhaugen, de Rystad Energy. La pandémie de Covid-19 qui continue de faire des ravages aux Etats-Unis a frappé de plein fouet le groupe énergétique Chesapeake Energy, leader mondial du gaz et du pétrole de schiste. Acculé par la dégringolade des prix du pétrole en raison de la crise sanitaire, il s'est déclaré en faillite croulant sous une dette de 7 milliards de dollars, n'ayant guère d'autre choix. «Notre dette et nos obligations contractuelles se sont révélées trop importantes dans ce contexte de cours (bas) de matières premières sans précédent», a déclaré le leader américain de l'exploitation du gaz de schiste, dans un communiqué rendu public le 28 juin. Et cela ne sera probablement pas la seule entreprise qui sera contrainte de mettre la clé sous le paillasson. «Près de 80% des compagnies pétrolières indépendantes américaines vont faire faillite si le prix du baril reste à 20 dollars ou moins pendant un certain temps», a prévenu Scott Sheffield, patron de Pioneer Natura Resource, un poids lourd du pétrole de schiste américain. Le boom du schiste, qui a permis aux Etats-Unis de devenir le premier producteur mondial d'or noir, a nécessité des milliards de dollars. Les banques et les investisseurs, leur ont accordé des prêts avec des taux d'intérêt particulièrement bas. Des dettes estimées à 86 milliards de dollars à rembourser entre 2020 et 2024. Une descente aux enfers qui s'est amorcée avec l'épidémie de coronavirus qui s'est déclarée en Chine au mois de décembre 2019 avant que l'Arabie saoudite et la Russie ne leur portent le coup de grâce à travers la guerre des prix qui les a opposées. Le rebond du baril galvanisé par cette baisse historique de la production de l'Opep et de ses partenaires, dont la Russie, qui ont décidé, le 9 avril dernier, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix, n'a pu leur faire éviter ce coup fatal. Les Américains qui ont tablé sur l'exploitation effrénée du pétrole de schiste pour se placer en leader mondial du marché de l'or noir vont devoir se raviser. «Les Etats-Unis, qui ont investi massivement dans le pétrole non conventionnel durant ces dernières années, pourraient voir des faillites à répétition de producteurs de pétrole indépendants», a averti Vincent Boy, analyste marché chez IG France. «Ce phénomène devrait accélérer les défaillances de paiements et devrait également augmenter le risque sur le secteur bancaire» s'est-il inquiété. Les USA pourraient le payer cash.