Elle, c'est Hanane Bourai. À peine trentenaire et elle a déjà publié trois romans en langue française alors que son quatrième récit fictif est en cours d'écriture, la soif, voire la rage d'écrire étant toujours aussi vive dans son âme. Hanane Bourai figure sur la liste des 11 écrivains ayant été retenus sur la «long list» des romanciers qui pourront finir par être récipiendaires du prix littéraire portant le nom du monument de la littérature algérienne. Dans cette course à ce prix prestigieux et national, Hanane Bourai a participé avec son troisième et dernier roman intitulé «Alter ego» et paru aux éditions Apic d'Alger. Ce roman a eu énormément de succès, non seulement auprès des lecteurs, mais aussi auprès des critiques littéraires. Le roman raconte le destin diamétralement opposé, mais aux conséquences presque similaires, de deux soeurs. La condition de la femme À travers le récit de la vie de ces deux soeurs, Hanane Bourai dépeint la condition de la femme dans notre société qui reste toujours un dilemme. Si la femme choisit la voie traditionnelle en acceptant la soumission, elle souffre. Et si elle opte pour une voie moderne et libre, elle souffre également. C'est un constat sans concessions qu'établit Hanane Bourai dans ce troisième roman écrit avec un style incisif et fluide. Avant de publier «Alter ego», Hanane Bourai avait déjà édité un autre roman chez le même éditeur intitulé: «Aussi loin iras-tu». Son premier roman, «L'arbre infortuné» est paru aux éditions El Amel de Tizi Ouzou. La particularité de Hanane Bourai, en plus d'être une femme qui écrit, c'est sa richesse linguistique. Car elle écrit en français alors qu'elle enseigne l'anglais dans un lycée. Défi d'écrivaine Elle a fait l'essentiel de sa scolarité en arabe et sa langue maternelle est tamazight. En décidant d'écrire des romans, Hanane Bourai s'est donné un véritable défi car dans tout le versant où elle est née et grandi, elle est la première femme romancière. Il s'agit de la région des Ath Ouaguenoun-Tigzirt. Avant Hanane Bourai, il y a eu certes des plumes de cette localité qui se sont adonnées à l'écriture de romans, mais elles étaient toutes masculines. Hanane Bourai a donc ouvert une brèche dans le domaine de la littérature qui gagnerait à être méditée par d'autres plumes féminines de la région. Mais dans la wilaya de Tizi Ouzou, Hanane Bourai qui vit et travaille dans la localité de Boudjima, entre Tigzirt et Ouaguenoun, n'est pas la seule. Beaucoup de plumes féminines ont investi le domaine de l'écriture romanesque. En français ou en tamazight, elles sont désormais très nombreuses à occuper le terrain. C'est le cas de l'écrivaine très jeune Lynda Handala, auteur de deux romans en langue française parus chez Dalimen, Kahina Temzi, auteur du livre «Tout ce que je n'ai jamais su dire», Lynda Hantour qui écrit en berbère tout comme Lynda Koudache, lauréate du prix Assia Djebar du meilleur roman en tamazight et auteur des romans «Aâchiw n tmes» et «Tamachahouts thaneggarouth». Fadhma Ath Mansour Amrouche et Assia Djebar peuvent donc être fières d'avoir de dignes héritières dans la wilaya de Tizi Ouzou.