Ils ont été accueillis par des foules en liesse à leur sortie de prison, qui a soulagé fortement leurs familles et leurs proches, même si leur remise en liberté conditionnelle est vue comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tète. Des figures du Hirak, en l'occurrence Karim Tabbou, Samir Benlarbi, Amira Bouraoui et Slimane Hamitouche, ont été remises en liberté provisoire simultanément ce jeudi. Tout en étant prudents, nombre d'observateurs voient en cet élargissement une volonté de dégeler le climat politique et de baisser les tensions en vue d'amorcer le processus d'apaisement et de dialogue dans le but de sortir de l'impasse politique. Bien qu' à ce stade on ne peut pas parler de procédure présidentielle, la simultanéité de la décision prononcée par différentes cours de justice, laisse supposer qu'elle aurait été le fruit d'une «volonté politique». Il y a un mois jour pour jour, la libération de Karim Tabbou et Samir Benlarbi a été annoncée par le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali à l'issue de son audience que lui avait accordée Abdelmadjid Tebboune à la Présidence. La confirmation de cette information officiellement par Belaïd Mohand-Oussaïd, ministre conseiller à la Communication et porte- parole de la présidence de la République, corrobore la thèse de l'apaisement. Dans le même sillage, il faut relever qu'à la veille de cette libération, le chef de l'Etat a décidé de gracier six détenus du Hirak, parmi ceux dont le jugement est définitif. Il faut dire alors que plusieurs demandes de liberté provisoire ont été rejetées par la chambre d'accusation près la cour d'Alger et de Tipasa, ces juridictions ont accepté comme par enchantement de répondre positivement aujourd'hui à la requête de la défense des détenus. En évidence cela dénote d'une stratégie concertée. En outre, le contexte politique entaché par les poursuites judiciaires engagées contre les activistes du Hirak sur les réseaux sociaux, des restrictions à la liberté d'expression et au travail de la presse ont été souvent dénoncées et pointées du doigt par les partis de l'opposition. Pour rappel, en février dernier, les autorités politiques et judiciaires avaient procédé à la libération de près de 80 détenus dans la foulée de l'investiture du nouveau chef de l' Etat, Abdelmadjid Tebboune. Le fait que cette générosité de la justice ait été suivie par une vague d'interpellations et d'arrestations des militants et des activistes du Hirak, empêche les observateurs de conclure hâtivement à l'enclenchement d'un processus d'apaisement en vue de dégager une solution globale à la crise politique qui a ébranlé le pays depuis le 22 février dernier. Par ailleurs, les appels à la libération de tous les détenus ont été lancés juste après cette libération. D'autres détenus sont encore en prison, particulièrement dans les wilayas de l'intérieur du pays, d'après le Comité national pour la libération des détenus (Cnld). D'une part, beaucoup de militants déplorent le fait que le journaliste Khaled Drareni n'ait pas bénéficié de la liberté provisoire au même titre que Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche avec lesquels il a été arrêté. D'autre part, certains observateurs regrettent que ces remises en liberté provisoire soient suivies d'autres arrestations des militants et d'activistes du Hirak. C'est le cas de Khaled Tazaghert, condamné ce jeudi par le tribunal de Béjaïa à une année de prison avec sursis.