Les dattes, les lièges bruts, les déchets ferreux et non ferreux, les peaux brutes sont concernés par ce texte. Les ministères des Finances et du Commerce viennent de rendre public un arrêté interministériel portant abrogation du certificat d'exportation pour les dattes, lièges bruts, déchets ferreux et non-ferreux et les peaux brutes. Dans les attendus de ce texte, il est fait référence, entre autres, au décret exécutif du 13 mai 1991 relatif aux conditions d'intervention en matière de commerce extérieur, à l'arrêté interministériel du 9 avril 1994 fixant la liste des marchandises suspendues à l'exportation, et à l'arrêté interministériel du 13 février 1999 portant institution d'un certificat d'exportation pour certains produits. Cependant, il est précisé que les produits concernés qui font l'objet de fixation de prix minimum à l'exportation, restent soumis au respect des prix planchers en vigueur. Si cette décision est à apprécier à sa juste valeur, il n'en demeure pas moins qu'en Algérie, il est plus facile d'importer que d'exporter. C'est-à-dire que l'Algérie a une mentalité d'importateur. C'est une culture, un état d'esprit façonné par trois décennies de bureaucratie et de monopole étatique sur la distribution et le commerce extérieur. Et tout l'environnement est conditionné par cette mentalité. Du ministère du Commerce à la douane, aux banques, aux services des impôts et jusqu'aux moyens de transports maritimes et aériens, on a l'impression que tout est organisé à dessein afin de décourager les quelques velléités d'exportation et de faire de l'Algérie, non pas un pays où l'on crée, mais un vaste marché ouvert aux produits made in Taiwan. On a beau claironner depuis quelques années, dans les discours, les vertus de l'économie de marché, dans la réalité, on continue de gérer par oukazes. On verrouille. On multiplie la paperasse et les tracasseries administratives. Pourtant, on nous dit que le secteur de la PME/PMI est un secteur concurrentiel, que nos produits sont de qualité et que le label algérien est recherché, mais rien n'y fait. Les nombreuses rencontres et forums consacrés aux «exportations hors hydrocarbures» ont fait ressortir que sur les 40.000 importateurs recensés, quelques bonnes centaines sont en mesure de se reconvertir en exportateurs, à condition qu'on mette fin à la bureaucratie. «Au marché d'Istanbul, disent-ils, quand une marchandise nous intéresse, on demande son prix, on la paie sur le champ, et on peut l'embarquer dans la minute qui suit. En Algérie, les formalités douanières, bancaires, fiscales et autres peuvent prendre des mois et vous n'êtes pas au bout de vos peines». Entre-temps, la marchandise, si elle est périssable, a tout le temps de s'abîmer et de perdre de sa valeur, et notre capital, au lieu de travailler et de faire des profits, se déprécie à vue d'oeil. A moins de rejoindre le club très florissant de l'import-import. Dans la plupart des pays du monde, les produits destinés à l'exportation sont exonérés d'impôts, et toute une panoplie de facilitations est accordée en vue d'améliorer les performances de la balance commerciale extérieure, y compris par des aides variées et multiformes visant à subventionner les produits et à susciter des vocations d'exportateur. En effet, une concurrence féroce oppose les pays, et chacun exporte ce qu'il peut. Qui sa technologie, qui ses tissus, qui ses bananes (certains se contentent d'exporter leur soleil ou leur... danse). L'exotisme aussi, a un prix. En ces périodes de vaches maigres où nos «exportateurs» doivent faire feu de tout bois, il ne sera pas dit qu'en Algérie, le baril de pétrole est un arbre qui cache la forêt. Prenons l'exemple des dattes. Ce fruit algérien est très prisé sur le marché international, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Mais devant les obstacles bureaucratiques que rencontrent les exportateurs, la datte emprunte des circuits pas toujours catholiques, pour arriver chez les consommateurs étrangers. Ces obstacles font le bonheur, entre autres, des intermédiaires tunisiens qui trouvent un filon inépuisable, et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.