Celle-ci semble prendre une voie irréversible pour les fonctionnaires qui font montre d'une grande détermination. M.Erik de Vrijer, chef de division au département Moyen-Orient et Asie-centrale du FMI, séjournera à Alger, à partir de demain et jusqu'au 23 mars prochain. A la tête d'une délégation d'experts du Fonds, M.de Vrijer aura à «éplucher» le dossier Algérie pour ce qui concerne les résultats économiques réalisés à fin 2005. Il sera également question de voir, avec les responsables algériens, les perspectives économiques immédiates, notamment pour l'année en cours. Le FMI, comme à son habitude, se penchera essentiellement sur la politique économique du pays. Pour ce faire, la délégation conduite par M.de Vrijer aura des entretiens avec les ministres des Finances, de la Participation et de la Réforme bancaire, ainsi qu'avec des responsables de la Planification, de la Banque d'Algérie, des Douanes, du Trésor, des Impôts et de différentes autres institutions économiques. Un travail de fond est donc envisagé par le FMI qui, faut-il le souligner, a, dans son rapport-bilan pour l'année 2005, relevé «les évolutions positives des indicateurs économiques», tout en insistant sur la fragilité du système, encore «trop dépendant des recettes d'hydrocarbures». Epinglant l'Algérie sur la lenteur du processus de réforme financière, le FMI, avait, rappelons-le, «conseillé» aux décideurs algériens de ne pas céder sur les revendications salariales, estimant qu'une décision d'augmentation générale des salaires aurait un effet négatif sur l'inflation qui repartirait à la hausse et mettrait à mal les équilibres macroéconomiques. Lesquels sont aux yeux des dirigeants du FMI, parmi les conditions essentielles au captage, par le pays, d'un éventuel flux d'investissements étrangers. L'autre argument du Fonds monétaire international tient du fait qu'en l'état actuel de la rémunération des travailleurs, ceux-ci sont à très bon marché, ce qui constitue un facteur encourageant pour les investisseurs potentiels. Un double argument que le chef du gouvernement reprend à son compte, conditionnant ainsi toute augmentation des salaires par le dynamisme du marché national. Même soutenu par le chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia semble néanmoins trouver quelques difficultés à convaincre ses partenaires politiques dans l'Alliance présidentielle qui, eux, insistent sur «l'impact négligeable» sur l'économie nationale, dans le cas d'une augmentation des salaires. Revendication essentiellement brandie par les travailleurs de la fonction publique, la question des salaires s'impose actuellement sur la scène nationale comme l'un des sujets phares. A l'origine de nombreux débrayages dans plusieurs corps d'Etat, la revendication n°1 des travailleurs fait l'objet, depuis des semaines, de «surenchères politiques» et semble bien partie pour constituer l'un des thèmes centraux des débats, à la veille de la tenue de la tripartite. Il est en tout cas clair que la visite demain de la délégation du FMI donnera une opportunité de taille aux partisans de la hausse des salaires pour revenir à la charge, partant du principe que le Fonds monétaire international passe pour être l'un des acteurs de la problématique. Celle-ci semble prendre une voie irréversible pour ce qui concerne les enseignants et les vétérinaires, pour ne citer que les corps de fonctionnaires qui donnent une nette impression de grande détermination dans leurs mouvements de protestation. Dans ce climat «électrique» où chaque partie campe sur ses positions, certains observateurs économiques entrevoient la possibilité d'améliorer le niveau de vie des Algériens sans augmenter les salaires. Le principe consiste à agir sur la parité du dinar, ce qui aura un effet direct sur le pouvoir d'achat des citoyens. Même si une telle mesure avait un impact «négatif» sur le prix de la main-d'oeuvre qui serait plus chère, elle pourrait être mise en oeuvre graduellement, d'autant que la politique d'une main-d'oeuvre à bas prix n'a pas eu un effet dopant sur les investissements directs étrangers en Algérie, notent les mêmes observateurs. Enfin, durant les dix jours de présence à Alger, les cadres du FMI devront avoir une vision «réelle» du développement en Algérie. Les appréciations qui en sortiront seront, sans doute, d'un intérêt certain pour les décideurs économiques du pays, sachant le poids de cette institution internationale sur les comportements des investisseurs potentiels. Les membres de la délégation s'intéresseront à la conduite des réformes et celle concernant le secteur bancaire et financier sera en tête de liste. Une «bonne note» du FMI pourrait booster les privatisations, améliorer le climat des affaires et doper l'investissement. Mais cela est une autre affaire. Ce qui intéresse prioritairement l'opinion nationale est autre. Il est clair, en effet, que la délégation du FMI sera, d'une manière ou d'une autre, interpellée sur la question des salaires. Et quand bien même M.Erik de Vrijer aura la prudence d'insister sur le fait que ces déclarations doivent être considérées comme un simple avis, elles n'en pèseront pas moins lourd sur le débat national.