Un programme spécial a été établi par les autorités de tutelle afin de répondre aux défis que pose la région. C'est sous bonne sécurité des axes routiers que le cortège du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, fait son entrée, jeudi, dans la wilaya de Tizi Ouzou. A partir de Tadmaït, mais surtout à partir de Draa Ben Khedda, on pouvait remarquer le rigoureux maillage de la Gendarmerie nationale, tout au long de la route menant vers Tizi Ouzou. Le but du déplacement du ministre de l'Intérieur est l'installation du nouveau wali, Mazouz Hocine, dans ses fonctions de nouveau wali de Tizi Ouzou, en remplacement de Hocine Ouadah, appelé à assumer les mêmes fonctions dans la wilaya de Blida, en remplacement du wali Bouricha. Mazouz a été jusqu'en 2002 à Bouira, où il a laissé les meilleurs souvenirs, pourtant en pleine crise de la Kabylie. Ensuite, il a été nommé à Aïn Témouchent, qui venait de se relever d'un terrible séisme, et là encore son travail semble avoir été apprécié au plus haut point. Sa nomination à Tizi Ouzou, ville très spéciale, et aux problèmes bien spécifiques, est en même temps un couronnement et un défi à relever. Cadres et élus locaux et représentants de la société civile ont assisté à la cérémonie d'installation, avec la ferme intention de dénoncer la montée inquiétante de la criminalité et des agressions dans la région. Comme il se doit, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes des événements de Kabylie, en 2001, et, pour donner des tournures d'actualité favorables à la cérémonie, Zerhouni fera vite de rappeler, dans son intervention, « les importantes réalisations concrétisées dans la wilaya, durant ces cinq dernières années, en dépit de la situation exceptionnelle vécue par celle-ci», tout en louant, à ce propos, les efforts de l'ancien wali, ainsi que des cadres de l'administration publique, élus de la wilaya et personnes de bonne volonté, «tant pour le rétablissement de la stabilité et de la sérénité dans la région, que pour son développement». Le ministre de l'Intérieur a également exprimé «sa satisfaction, quant aux résultats obtenus, notamment en matière du retour de la légitimité, permettant ainsi aux institutions de l'Etat de poursuivre leurs missions dans la légalité, en consacrant tous leurs efforts au développement». «La wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié, rappelle Zerhouni, de 75,6 milliards de dinars, durant les cinq dernières années, allant de 1999 à 2005, soit l'équivalent de plus d'un milliard de dollars, au titre d'un programme spécial » fait dénotant, selon lui, de l'intérêt accordé par le président de la République, durant son premier mandat, à l'amélioration des conditions de vie des citoyens. En outre, une dotation de 78 milliards de dinars a été également allouée à la région, au titre du programme quinquennal d'équipement, allant de 2005 à 2009, a indiqué le ministre, en invitant les responsables et élus locaux, «à plus de mobilisation, dans l'objectif de sa concrétisation sur le terrain», tout en veillant à une gestion rationnelle de cette enveloppe pour faire de la wilaya de Tizi Ouzou «une région attractive». Concernant les craintes suscitées par l'insécurité et les appréhensions vis-à-vis de la poussée de violence qui marque la région depuis plusieurs années, Zerhouni a affirmé que l'Etat veillera à la sécurité des citoyens, avec l'aide de la société civile. Voilà donc, le nouveau wali investi de larges prérogatives pour mener à terme sa mission, qui consiste d'un côté, à relancer l'activité économique, et, d'un autre côté, rassurer une région secouée par de graves problèmes d'insécurité. Hormis les hommes encore en armes et les groupes armés locaux affiliés au Gspc, estimés par les services de sécurité à 80 hommes actifs et quelque 200 de soutien, le crime organisé, les faux barrages, les réseaux de proxénétisme, les rapts avec demande de rançon et les agressions suivies de vol sont les nouveaux passe-temps favoris d'une jeunesse désoeuvrée et livrée à elle-même, la prolifération des débits de boissons et les bars qui ont poussé comme des champignons faisant empirer la situation. C'est à tous ces problèmes que le nouveau wali doit faire face en Kabylie. Pour lui, qui n'a encore rien dit, Zerhouni est catégorique: «Mazouz est prêt pour relever le défi.»