En dix ans, plus de 40.000 chercheurs algériens ont, par choix ou par dépit, décidé de s'expatrier. Un chiffre qui soulève nombre de questionnements. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (Ptic), Hamid Bessalah, a annoncé, lors de sa visite d'inspection dimanche dans la wilaya d'Adrar que «le nombre des diplômés de l'université algérienne dans le domaine de l'informatique augmentera annuellement pour atteindre 15.000 ingénieurs lors du quinquennat 2009-2013.» Sur sa lancée, M.Bessalah a ajouté que le nombre attendu représente le triple de celui actuel, évalué à 5000 ingénieurs/an. Cette déclaration met en relief le fait que le nombre de diplômés va crescendo. Cependant, la question qui se pose avec acuité est de connaître en premier lieu le niveau de qualification de ces milliers d'ingénieurs qui sortent chaque année des universités. Ainsi, c'est mettre en exergue une autre problématique relative au manque d'établissements et d'infrastructures spécialisés selon les diplômes requis. Concrètement, le bémol réside dans le fait que les ingénieurs ne trouvent pas des postes en relation avec leurs diplômes et capacités. Par conséquent, ces universitaires et, notamment les titulaires d'un doctorat sont souvent amenés à quitter le pays vers d'autres cieux où les conditions socioprofessionnelles sont plus propices et attrayantes. D'autres préfèrent partir pour poursuivre un cursus à l'étranger où les offres qui leur sont faites les dissuadent de revenir au pays. Un constat inquiétant. Aussi, le défi principal à relever n'est pas celui d'être centré sur les chiffres pour savoir combien nous formons d'ingénieurs, mais comment garder cette élite qualifiée, qui coûte très cher à l'Etat, afin d'assurer le développement de notre pays. Il faut savoir que la fuite des cerveaux est bien réelle, d'où la nécessité de créer les conditions favorables d'insertion de ces élites. La mise en place d'une politique axée sur la valorisation des ressources humaines et la création d'infrastructures en relation avec les spécialités requises s'impose pour un pays qui aspire à se mettre au diapason des pays industrialisés dont le développement de la technologie progresse à la vitesse grand V. D'ailleurs, à ce sujet, M.Bessalah souligne que «le développement rapide des technologies de communication au niveau mondial ne constitue guère un handicap devant les cadres algériens pour accompagner cet essor.» Toutefois, l'enjeu primordial dans un environnement en pleine mutation, est de valoriser la matière grise afin d'enrayer la fuite des cerveaux. En somme, les hauts responsables doivent élaborer une stratégie basée sur l'amélioration des conditions socioprofessionnelles...Une démarche qui permettrait de pallier la fuite d'une élite et main-d'oeuvre qualifiées et très convoitées par d'autres pays.