L'Expression: Parlez-nous si vous voulez bien de l'affaire Si Salah, on a entendu hier quelqu'un dire qu'il est mort les armes à la main, qu'en est-il réellement? Youcef Khattib: Si Salah était l'adjoint de M'hamed Bougara. Après la mort de ce dernier, il avait assuré l'intérim. Il était membre du Conseil de wilaya avec Bounaama, Si Mohamed, Si Lakhdar et Abdellatif. Lorsque De Gaulle avait fait la déclaration de septembre 1959, nous avions contacté le Gpra à Tunis mais notre correspondance est restée sans réponse. La décision a été prise par l'intermédiaire de Kadoussi, le juge de Médéa. Certains historiens français ont écrit que le contact s'est fait par l'intermédiaire de Bachagha Boualem, est-ce vrai? C'est faux . Il s'est fait par Médéa et l'entourage de De Gaulle. Ils sont allés tous les trois et ont rencontré effectivement De Gaulle à l'Elysée. Les émissaires de la wilaya IV ont demandé à se concerter avec le Gpra mais De Gaulle voulait qu'ils déposent les armes tout de suite. Il y a eu un malentendu d'autant qu'ils ne représentaient qu'une seule wilaya. Ils sont revenus. Certains parmi eux (Si Lakhdar et Si Abdellatif) ont été jugés parce que l'initiative en soi n'était pas correcte, elle n'a pas obéi à la discipline en vigueur. Mais ils n'avaient pas le droit de juger plus gradé qu'eux. Si Salah était colonel. Le Gpra était donc l'unique instance habilitée à se prononcer sur son cas. Ils l'ont convoqué à Tunis. Si Salah est parti avec une escorte. Il est tombé dans une embuscade. Il s'est défendu et est mort les armes à la main. C'était peut-être mieux ainsi. Vous étiez partie prenante dans la guerre des wilayas, après l'indépendance. La wilaya IV avait une position neutre dans le conflit mais elle s'est retrouvée au centre du conflit. Il y avait le Cnra de Tripoli qui n'avait pas été achevé. Nous, nous étions dans le maquis. Benchérif nous a représentés par procuration parce qu'il a pu arriver jusqu'à nous en traversant la ligne Challe. Je rappelle qu'il a été arrêté en octobre 1960 puis extradé, puis relâché après le cessez-le-feu. Au Cnra, il a pris position avec l'état-major contre le Gpra. Nous étions neutres. Mais nous avions des réserves sur tout le monde. Nous cherchions une solution par le dialogue. Il y a eu la réunion de toutes les wilayas à El Asnam au mois de juillet. Je suis allé à Rabat pour rencontrer Ben Bella. Selon Khider, ils étaient prêts à prendre le pouvoir « quel que soit le prix ». Malgré cette réponse, j'ai cherché une solution par le dialogue. A Tlemcen, Ben Bella a annoncé les noms des 7 membres du Bureau politique. Alger était sous contrôle de la wilaya IV jusqu'au 19 mars. Des anciens cadres qui n'ont pas fait le maquis ont été envoyés par le Gpra. Ils ont créé la Zone autonome d'Alger. Après le 5 juillet, nous avions pris la décision d'entrer à Alger pour neutraliser les Français. Pour l'histoire, je le dis et je le répète : la Wilaya IV a libéré Alger. Nous avions 9 bataillons. Le Bureau politique a décidé également d'entrer à Alger. Le conflit entre BP et Wilaya IV a atteint son summum lors de l'annonce des listes des membres de l'Assemblée constituante. Ils voulaient des gens qui n'avaient rien à voir avec la Révolution. Khider a donné ordre à l'armée. Mais on a réussi à les stopper à Masséna ... Ben Bella dit qu'il est venu en personne à Masséna par hélicoptère pour les pourparlers et qu'il a fait cesser la guerre. Oui, j'étais présent. Après 3 jours de dialogue nous sommes parvenus à un accord. Nous de notre côté, on était sages. On ne voulait pas prolonger le conflit.