Un magistrat constamment aux aguets pour médire ses responsables, nous en veut de constamment évoquer dans ces colonnes, Belgacem Zeghmati, le ministre de la Justice, garde des Sceaux qui se voue corps et âme à la justice. Nous ne parlons pas dans cet espace, du ministre gratuitement, non pas pour «brosser», espérant un bonbon en retour. Non, monsieur le juge, nous parlons de votre collègue Zeghmati car nous étions présent le jour (29 septembre 2015, vous avez bien lu? 2015! de son limogeage pour avoir fait son boulot qui consista à lancer, en sa qualité de procureur général près la cour d'Alger, un mandat d'arrêt à l'encontre de Chakib Khelil qui ne voulait pas se présenter devant la justice laquelle devait lui poser des questions autour de ses gestions passées à la tête de Sonatrach puis au ministère de l'Energie! Ce jour-là, Zeghmati avait une attitude digne. Il était bizarrement calme, pour un responsable mis à la porte car il avait fait son travail! Il était presque détendu, serein et dirions-nous, confiant en l'avenir, alors que tous les présents le regardaient piteusement comme pour lui dire leurs regrets pour son limogeage, le regard d'autres personnes était celui de gens qui lui en voulaient parce que simplement, là aussi, il n'avait fait que son boulot! Ces situations planaient au-dessus de la salle, d'autant que la veille, lorsque quelques greffiers et greffières du guichet unique de la cour d'Alger, venaient d'apprendre son limogeage, lancèrent des «hourrah et des youyous» de satisfaction de voir le procureur général d'Alger s'en aller par la petite porte. C'est triste de fêter comme cela un évènement qui voit un immense magistrat, bien élevé, modèle, rigoureux, consciencieux et surtout meneur d'hommes et de femmes, être renvoyé par la mafia. On ne saura cette info, que quatre ans moins deux mois, plus tard, lorsqu'il sera rappelé par le pouvoir en place, à son poste de prédilection! Le 1er octobre 2015, nous avions raison Le 29 septembre 2015, à l'issue de la cérémonie d'installation de Mohamed Brahmi, comme successeur de Zeghmati, procureur général d'Alger, nous avions alors décidé de rendre un dernier hommage à l'homme que nous avions vu à l'oeuvre durant près d'un quart de siècle, à Berrouaghia, Hussein Dey, Batna, Oran et Alger où il exerça plus de huit années. Le 1er octobre 2015, au lieu de raconter la cérémonie de «destitution», nous préférâmes un billet d'hommage appuyé à Belgacem Zeghmati. Cette décision nous est venue à l'esprit quand nous avons constaté, que l'homme était vraiment seul dans une vaste salle d'audience pleine comme un oeuf. Il était seul, au moment où il avait besoin de soutien moral de la part de ses collègues, surtout qu'il y avait ce triste épisode du personnel du guichet unique, quarante-huit heures plus tôt, qui aurait démoralisé un rhinocéros en pleine furie. Mais Allah fait bien les choses, parce que le jour où il a été rappelé au Ruisseau, en 2019, ce même personnel s'est vu dans l'obligation de faire une chaîne, au huitième étage, devant le bureau de Zeghmati, pour demander pardon et crier ses regrets d'avoir été si mal manipulé. Il était heureux, ce jour-là, Belgacem Zeghmati, comme s'il venait de renaître.