Les évènements douloureux qui ont secoué l'Algérie durant les années quatre-vingt-dix continuent d'inspirer les écrivains algériens, surtout ceux d'une certaine génération ayant été touchée de plein fouet et à la fleur de l'âge par cette tragédie. Il s'agit de la génération qui avait vingt ans quand cette malédiction avait frappé le pays. Une génération à laquelle on a volé sa jeunesse, mais aussi tous les rêves qu'elle avait durant son enfance et son adolescence. Une grande expérience dans l'écriture Le deuxième roman de l'écrivain Amar Ait Ameur s'inscrit dans cette veine. Le récit est intitulé «la Plumaison» et il vient d'être fraichement édité aux éditions «Imru» de Tizi Ouzou. Amar Ait Ameur qui a déjà acquis une grande expérience à travers l'écriture romanesque grâce à son premier livre édité il y a quelques années, réussit à livrer au lecteur un récit poignant et qui mérite le détour. Le personnage central de ce roman émouvant et plein de rebondissements est un adolescent dans l'Algérie des années 1990. Il quitte les bancs de l'école, traîne au village pendant quelques années jusqu'au jour où un événement humiliant chamboule son existence. Il s'enfuit en ville, avec le désir de se faire oublier. Là, il subit le prosélytisme islamiste. Au début des événements qui allaient plonger le pays dans la tragédie et la folie meurtrière, il revient au village, totalement métamorphosé. Il se venge de celui qui l'avait humilié et décide de rejoindre les groupes armés. L'auteur nous offre des séquences de vie très proches de la réalité à tel point que le lecteur finira à un certain moment par s'interroger s'il ne s'agit pas de faits réels racontés par les concernés eux-mêmes tant l'imagination, dans ce livre, est très fertile. Amar Ait Ameur raconte une page noire et rouge de notre histoire récente avec talent et précision. L'écrivain Amar Ait Ameur est originaire de la région de Timizart dans la wilaya de Tizi Ouzou, une localité qui a donné naissance au géant de la poésie kabyle ancienne Youcef Oukaci, mais aussi à l'un des tout premiers romanciers en langue amazighe, le regretté Said Iamrache, auteur du roman «Tasga N tlam». La littérature sa véritable passion Amar Ait Ameur a effectué ses études primaires et collégiales dans sa région natale avant de s'envoler au lycée technique d'Azazga, dans la filière génie mécanique. Il décide de laisser les planches à dessin et les calculs mathématiques pour se consacrer à sa véritable passion: la littérature. Il s'inscrit au département des lettres françaises de l'université d'Alger. En sortant de l'université, il a enseigné le français pendant deux ans en Algérie, avant d'émigrer en France où il a poursuivi ses études littéraires jusqu'à l'obtention d'un doctorat en langue et littératures françaises. Sa thèse porte sur «l'épistémologie du concept de culture, depuis ses origines gréco-latines jusqu'aux temps actuels». Pendant qu'il menait ses recherches, il enseignait les lettres modernes dans les collèges et lycées de l'Académie de Bordeaux. Il a publié dans des journaux et des revues de nombreuses études, entre autres une sur le roman «Le Dernier été de laraison». Amar Ait Ameur a en outre adapté «Les Quatrains» du grand poète Omar Khayyam en kabyle. Son premier roman, publié il y a quelques années, est intitulé: «Celle qui dit non». C'est un romancier qui ira sans doute loin s'il maintient ce rythme et cette cadence.