La politique engagée jusqu'à maintenant en matière de transport dans les villes a, d'ores et déjà, connu ses limites. Des transporteurs livrés à l'anarchie et des usagers mécontents. Les usagers des transports reliant Chevaley à Kouba, Bir Mourad Raïs et Birkhadem ont subi, samedi, les conséquences d'une grève lancée sans préavis par les transporteurs. Ces derniers se sont donné le mot pour ne pas desservir les lignes précitées à cause notamment «de l'acharnement des policiers, ces dernières semaines, à nous retirer nos papiers quand nous marquons un arrêt facultatif», nous déclarait un chauffeur qui, dans sa lancée, nous a confié avoir dû, à trois reprises, payer de lourdes amendes afin de récupérer les papiers qu'on lui avait confisqués. L'axe en question est, dans sa quasi-totalité, une voie rapide. Plusieurs quartiers de ces localités bordent la route et des usagers, de plus en plus nombreux, ont pris l'habitude de se faire déposer près de leur lieu de résidence ou de travail. Les arrêts, ceux appelés communément «Les Sources», «La Côte», «Le Parc», «Cité Malki» ou «l'ITFC» ont toujours posé problème et très souvent l'on dépose les usagers lorsque l'on s'assure qu'aucun policier ne rôde dans les parages. Les autres arrêts, tels que, «La concorde», «Saïd Hamdine», «Siyafa», «Ben Aknoun», sont supposés «autorisés». Or, ce sont ces arrêts-là que les policiers contestent et que les transporteurs disent tolérés par la direction des transports de la wilaya d'Alger. Constatant que leur syndicat ne bougeait pas, les transporteurs ont décidé une grève qui, dès les premières heures de la journée, a causé une telle panique chez les usagers - plusieurs dizaines de personnes - attendant impatiemment que certains minibus finissent par casser leur mouvement de grève. Ces derniers ont d'ailleurs pris le soin de ne pas assurer la ligne jusqu'au terminus, mais de seulement rapprocher leurs clients. Ceux qui sont concernés par la ligne Chevaley-Kouba ont été, par ailleurs, les plus pénalisés. Les transporteurs assurant cette ligne demandaient également que la route reliant «Garidi» à Ben Omar via «Jolie-Vue» soit définitivement tapissée. Cette dernière a été particulièrement endommagée lors des dernières pluies torrentielles, mais aussi abîmée du fait du nombre impressionnant d'habitations et de commerces de gros construits négligemment sur ses deux rives. Si les transporteurs ont vite repris leurs courses et l'incident clos, il n'en reste pas moins qu'un tel désagrément rappelle, sans doute, la précarité du réseau du transport dans l'Algérois, mais également dans toutes les autres wilayas du pays, le principe étant le même. Le transport est dans sa grande majorité cédé au petit privé contrairement à ce qui se passe dans les grandes villes du monde. A Alger, rares sont les propriétaires qui possèdent plus de trois bus. Le parc est constitué, en revanche, d'un nombre important de minibus acquis généralement grâce à la fameuse formule du microcrédit imaginée afin de promouvoir l'emploi des jeunes. Rapidement, des lignes ont été saturées et d'autres ont été créées. Pour que chacun ait sa part du gâteau, les transporteurs ont vite acquis des pratiques souvent malvenues. Très fréquemment, des courses sont carrément lancées et des vitesses démesurées sont atteintes pour arriver le premier au quai. Souvent, également, les clients patientent à l'intérieur du bus une dizaine de minutes à chaque arrêt attendant que des clients arrivent et en priant Dieu que le chauffeur daigne enfin démarrer quand il aura estimé suffisant le nombre de passagers dans son bus. Il se trouve, par ailleurs, que les transporteurs s'arrêtent quand bon leur semble pour récupérer un client sans se soucier aucunement des protestations, de moins en moins fréquentes, de quelques usagers en colère et rompus à cette pratique avec le temps qui passe. Résignés, ces derniers ont vraisemblablement fini par prendre leur mal en patience. Pour parer à de telles pratiques, les autorités ne pouvaient-elles pas faire mieux en matière de transport? Ne s'agit-il pas là d'un élément important dans l'identité d'une grande ville? Ne pouvait-on pas céder cette prestation, à titre d'exemple, à une compagnie qui assurerait le transport dans l'Algérois et faisant du service, de l'organisation et de la ponctualité ses mots d'ordre? Une compagnie qui investira selon les besoins et qui évitera que de fâcheux troubles ne se produisent. Attendra-t-on, en outre, que le parc, maintenant neuf, ne finisse par vieillir et causer d'innombrables accidents pour que le problème soit sérieusement posé?