Contrairement à ce à quoi on s'attendait, la librairie «Cheikh multi-livres» de Tizi Ouzou, l'un des plus grands et des plus anciens espaces dédiés au livre en Algérie, était bien achalandée jeudi dernier lors de notre passage après 6 longs mois de rupture due à la crise sanitaire. La librairie a toujours les étals bien achalandés et ce qui nous a le plus surpris, ce sont les dizaines de livres nouvellement mis sur les rayons de cette librairie que gère avec une passion inégalée un certain Omar Cheikh, l'ami des lecteurs, des écrivains et de tout le monde, même ceux qui ne lisent pas et n'achètent pas des livres. Des nouveautés que l'on peut trouver à l'entrée de la librairie, après avoir traversé les deux grands espaces réservés aux enfants et aux livres parascolaires. Les trois employées de la librairie, qui sont également des férues de lecture étaient d'ailleurs très occupées à classer les livres, ceux qui viennent d'arriver notamment. Un espace achalandé La librairie est spacieuse et on constate malgré cela que plusieurs livres qui n'étaient pas là avant la fermeture décidée au lendemain du début de la pandémie du coronavirus, occupent une bonne partie, notamment au niveau des coins réservés aux grands auteurs ayant marqué la littérature universelle avec des lettres d'or. Le visiteur est ainsi entraîné vite dans l'embarras du choix car ne pouvant pas tout acheter, il faut vraiment faire des choix très difficiles, à commencer par trois romans du prix Nobel de littérature allemand Hermann Hess dont le mythique roman Le loup des steppes ou encore Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Plusieurs romans, également en format de poche, faisant partie des nouveaux arrivages sont exposés au même endroit dont certains sont de William Faulkner, l'auteur qui a subjugué aussi bien Kateb Yacine que Tahar Djaout et tant d'autres auteurs algériens au talent confirmé. Il y en a aussi pour les amoureux des classiques dont l'incontournable Le rouge et le noir et plusieurs autres livres de la même sève et qui rappellent un certain siècle faste de la littérature française. En tout cas, cette «rubrique» réservée aux livres écrits par les géants de la littérature a de quoi faire saliver les férus de lecture. Mais ça ne fait que commencer car la librairie est encore plus grande. On y découvre, dans l'espace des nouveau-nés, le livre Plumes, écritoires et pages d'Histoire du maquisard Salah Mekacher qui poursuit paisiblement son chemin dans l'écriture. Ce livre vient à peine d'être imprimé. D'autres livres édités tous il y a moins d'un mois sont disponibles dans la même librairie et qui ne peuvent pas être cités. Il suffit d'y faire une visite pour découvrir cette véritable caverne d'Ali Baba du livre. L'espace dédié au livre écrit en langue amazighte est très riche et on a constaté qu'il a même gagné plus d'espace par rapport à la période d'avant le début de la pandémie. Car si l'activité commerciale et autres se sont arrêtées durant ces longs mois, les auteurs en tamazight ont continué d'écrire et d'éditer. Il en est de même pour les étals réservés aux livres publiés par des auteurs et des éditeurs algériens qui sont aussi riches que variés. Des oeuvres anciennes et récents On y déniche et à de très bon, prix plusieurs romans du géant Mohammed Dib dont l'oeuvre monumentale mérite d'être revisitée à l'occasion du centenaire de la naissance de l'enfant de Tlemcen. Il y a pratiquement tous les romans de Boualem Sansal, les romans d'Assia Djebar, Feraoun et Mammeri, Salim Bachi, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, etc. Aussi, si vous cherchez des livres édités il y a très longtemps et qui ne sont plus disponibles nulle part, c'est ici que vous avez le plus de chance de tomber dessus. Et pour cela, il faut aller au fond de la librairie, à droite, pour découvrir une autre mine d'ouvrages que l'on ne risque guère de croiser ailleurs. C'est le cas par exemple du célèbre roman Ezilzal de Tahar Ouattar. Après la longue période de fermeture, le livre stagne-t-il sur les étals? La réponse des employées de la librairie nous surprend agréablement. Le livre se vend toujours. Certains titres sont épuisés le jour même de leur arrivée. Lequel par exemple, on nous répond: Averroès ou le secrétaire du diable de Gilbert Sinoué. Avant de quitter la librairie, deux jeunes dames achètent plusieurs livres et avant de quitter l'endroit, elles d'adressent à la libraire: «Avez-vous le livre Soufi mon amour de Elif Shafak?». La librairie regrette de donner une réponse négative. Ce roman spirituel fait partie des livres les plus convoités. «Nous l'avions, mais il est épuisé», nous répond-elle. Qui a dit que les livres ne marchent plus. Ce n'est sans doute pas Omar Cheikh.