La raison invite à peupler et à développer les régions des Hauts-Plateaux. Un congrès maghrébin de deux jours se tient depuis hier à Alger à l'hôtel Hilton où sont regroupés des architectes algériens et d'autres venus de pays du Maghreb et d'Europe. Une série de communications ont intéressé les architectes et cadres algériens de secteurs de divers horizons comme l'école d'architecture (Epau), des CTC, de ministères (Environnement et Habitat), du Cread, de banques et diverses autres administrations concernées, de près ou de loin, par l'architecture et la construction, en général. Placé sous le thème «L'avenir des villes nouvelles et leur impact : mythe ou réalité» ce séminaire se propose, entre autres, de poser la problématique du contrôle de l'expansion urbaine sauvage en Algérie qui ne cesse de lancer ses «tentacules dévorantes» pour s'emparer des espaces verts et autres terres agricoles qui sont de plus en plus rares autour des centres de vie urbaine existants. Les communications, entendues hier, avaient trait aux risques majeurs que peut rencontrer la construction d'une ville nouvelle, son alimentation en eau potable ou encore son insertion dans un cycle moderne de la vie avec ses écoles et universités, ses lieux de soins et de loisirs, les communications, le transport public...et toute la chaîne des services, d'alimentation, de marchés... Une loi sur les villes nouvelles en construction en Algérie, prévoit la création d'un organisme spécialisé qui va gérer ces centres urbains. Les textes sont prêts a-t-on appris auprès d'un expert présent aux travaux. Approché par L'Expression, le président du Cnea, M.A.Boudaoud, n'a pas retenu son exclamation: «Pourquoi ne pas réfléchir à la construction d'une nouvelle capitale en Algérie?» à l'instar de nombre de pays de par le monde qui ont pensé à deux capitales, l'une économique et l'autre politico-administrative. Devrions-nous citer les Etats-Unis (Washington et New York), le Brésil (Brasilia et Rio de Janeiro), le Nigeria (Abuja et Lagos)... Les nouvelles agglomérations construites en Algérie, se montent à plus de 700 en 2004 tandis qu'elles étaient à peine 95 en 1966, 210 en 1977, et 477 en 1987. Sur ce total, 605 l'ont été sans respect du cachet architectural originel ni en utilisant les matériaux locaux spécifiques à chaque région. Parlant des budgets alloués à ces villes nouvelles, le chiffre de 29 milliards de dinars a été annoncé après un récent conseil de gouvernement pour la seule ville de Boughzoul près de Tiaret. Les trois villes de Boughzoul (w. de Tiaret), Sidi Abdallah (w. Alger) et Bouinan (w. Blida) doivent servir de «laboratoires» pour les futures édifications, a estimé un architecte participant. Nous devons, a-t-il dit puiser nos idées à partir des expériences vécues par d'autres pays et ne pas commettre les erreurs d'appréciation sociologiques enregistrées ailleurs, même en Europe, mettant en avant les troubles récents de la banlieue parisienne. Un autre expert et ex-journaliste nous a appris que la première «nouvelle ville» construite en Algérie a été celle d'Oum El Bouaghi en 1977 alors que ce n'était qu'un petit bourg. Ce dernier regrettera que trop de constructions sont venues sans cesse se greffer aux grandes villes du Nord, de façon désordonnée. Il dira aussi que de nouvelles-villes «catastrophes» doivent être sérieusement pensées pour les régions du nord du pays menacées par les risques sismiques, c'est pourquoi, estime-t-il, la raison invite à peupler et à développer les régions des Hauts-Plateaux comme l'a recommandé le président Abdelaziz Bouteflika. La rencontre a été organisée par le Collège national des experts architectes (Cnea) avec le soutien du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, des P-DG de Sonatrach et du CPA.