Conseillés par les conjoncturistes occidentaux, les Emirats arabes unis ont vu la capacité d'accueil déborder de réservations depuis l'apparition de leurs premiers gratte-ciels. Aussi, pour vendre leur «isolement» féerique à une clientèle passionnée des rivages les mieux protégés de la planète, ils décuplèrent leurs investissements pour doubler, voire tripler la capacité d'accueil de leurs hôtels et des boîtes de divertissement qui les accompagnent. L'idée est certes, généreuse, mais comment produire un mirage sur du sable sans risquer de le voir disparaître sous l'effet d'un vent particulièrement violent? Grâce aux bureaux-conseils américains la solution fut vite trouvée: faire pousser des gratte-ciels en alliant le verre à l'acier. Et c'est là qu'on s'aperçoit que l'usage à profusion de ces deux matières premières, sert également à cacher l'uniformité des étendues de sable de l'ancienne côte des Pirates. La «modernisation» par le verre et l'acier, grâce au pétrole, c'est à l'évidence ce qui semble avoir été ciblé en priorité par les promoteurs. Est-ce pour prouver que «tout ce qui brille n'est pas or?» L'idée n'était pas nouvelle, mais dans le cas émirati, elle semble avoir été largement apprivoisée même si, dans la réalité, le décorum des nouvelles villes émiraties n'a pas réussi à faire oublier la honte encore vivace de la manière dont avaient été recrutés les milliers d'étrangers venus jusqu'à eux pour leur construire leur nouvel Eden. À cette époque-là, la métamorphose des villes comme Manama, Abu-Dhabi ou Doha, cette dernière métropole encore docile à l'égard de ses voisins, avaient besoin non seulement de rutilance, mais aussi d'une main-d'oeuvre efficace, obéissante, réactive et productiviste à souhait. L'expérience émiratie dans ce domaine vaut, en effet, d'être évoquée. Parmi les contingents recrutés pour construire leur nouvelle Babylone, les dirigeants de la Fédération avaient songé en priorité aux pays musulmans et, parmi ces derniers, le Pakistan, le Bangladesh et même les Palestiniens enfermés dans le sinistre camp de Sabra et Chatila et d'ailleurs qui, dès leur arrivée à destination, se voyaient confisquer leurs passeports, mais aussi les sauf-conduits délivrés par l'Unrwa aux Palestiniens apatrides, pour les empêcher de fuir la dictature ambiante de leurs employeurs. Moult témoignages sur l'esclavagisme émirati ont été publiés à travers le monde. Une transgression aux droits humains confiée par l'Emir à des capos chargés de l'imposer en obligeant des rythmes de travail infernaux pour un salaire de misère. Des musulmans qui exploitent jusqu'au sang leurs coreligionnaires en ne tenant même pas compte de leur proximité religieuse avec les Palestiniens, voilà qui nous renseigne utilement sur la métamorphose des Emiratis depuis la découverte du pétrole qui les a insolemment enrichis. En peu de temps, ceux d'entre eux qui avaient conservé la moindre notion de la paisible et profonde solidarité tribale que leur ont léguée leurs ancêtres, ont été transformés en l'espace d'une génération, en humanoïdes robotisés qui ne reconnaissent de ressemblance que dans l'Américain ou le sioniste dont toute une communauté s'est confortablement installée chez eux depuis que les hydrocarbures ont commencé à couler à flots du sous-sol émirati. Dans l'ornière du sionisme Connaissant mieux les ennemis des Etats arabes, l'Emirati ne connaît des Palestiniens que ce que les médias sionistes lui ont martelé de «monstrueux» sur eux depuis un demi-siècle. Et si, aujourd'hui, il décide ouvertement de se laver les mains de leur destin, c'est à l'évidence parce qu'il a atteint le point de non-retour qui, pour lui, consiste à rejeter mentalement le port du keffieh, convaincu que son acte l'identifierait au juif-sioniste dont il a longtemps porté les signes distinctifs en se coulant dans le même cosmopolitisme que lui. Depuis son fulgurant enrichissement grâce aux recettes des hydrocarbures, la Fédération émiratie qui avait du retard dans la construction des écoles, un retard appelé à se répercuter sur le cursus menant aux études supérieures, décréta d'envoyer ses élèves de classes terminales vers des institutions domiciliées en Angleterre et en Amérique. Là, en plus des matières classiques, comme la langue anglaise, les mathématiques et les sciences, on leur enseignait également l'histoire, mais pas celle de l'ancienne côte des Pirates. On leur enseignait l'histoire du Royaume-Uni en omettant de leur révéler que le sionisme a été porté sur les fonts baptismaux de la Perfide Albion dès le XVIIe siècle.Pas non plus les origines réelles qui ont embrasé l'Europe à partir de 1914. Les sionistes qui avaient introduit des dizaines d'agents pour suivre l'application sur le terrain des directives du Congrès sioniste de Bâle et obtenir que l'engagement des Britanniques soit conséquent immédiatement en obtenant d'elle la fameuse Déclaration Balfour contre l'implication des Etats-Unis durant le dernier quart de la Première Guerre mondiale. Situés à 2000 km de Jérusalem, là-bas sur l'ancienne côte des Pirates, les Emiratis ignorent tout des Palestiniens, de leur vie, de leur histoire pour ne l'avoir jamais apprise à l'école. Ce sont eux les vrais descendants de Sem et non les sionistes d'aujourd'hui qui, convertis au judaïsme depuis seulement l'an 800 de Jésus-Christ, ne sont en fait que des Turco-Mongols, en d'autres termes des Khazars dont l'origine n'a rien à voir avec la vraie descendance de Sem... D'où la soumission publique des Emirats arabes à Tel-Aviv, croyant que cette dernière humiliation, suffirait à ébranler les sentiments anti-sionistes de la majorité des populations arabes. Car c'est à ce niveau que se situe la problématique du système colonial imposé aux Palestiniens en 1947, l'année du vote de la résolution 181, que la partie sioniste n'a jamais respectée. Dans l'intervalle, l'argent-Dieu l'a emporté sur la morale que les Emiratis et Bahreïn semblent avoir rejetée définitivement en se livrant pieds et poings liés à l'Internationale sioniste. Que pourraient attendre de plus Manama et Dubai après leur toute récente capitulation face à Tel-Aviv? Que l'ensemble du Monde arabe capitule à son tour et leur emboîte honteusement le pas? La suite dans la seconde partie. L'argent et la soumission Peu après la signature de l'acte d'abdication des Emiratis et des Bahreïnis face à l'entité turco-mongole d'Israël, Donald Trump qui avait travaillé durant tout son mandat pour l'atteindre et dont on pourrait aisément imaginer la frustration remonter à la surface, dut se défausser d'une allusion à l'emporte-pièce, pour la troisième fois en 24 heures, selon laquelle «d'autres pays arabes ne tarderont pas à imiter Dubai et Manama». C'est vrai que devant pareil échec, on se console comme on peut. Cependant, autant de raffut pour un résultat aussi mince, pose forcément problème. On savait Trump incohérent en politique mais une telle carence, n'explique pas le cinglant échec qui a sanctionné ses magouilles dans cette affaire de rabibochage au pas de charge entre Emiratis et le sionisme. Un faux pas qui rappelle, à s'y méprendre, le vote de la résolution 181 à Flusching-Meadow en 1947, vote qui a obligé Harry Truman à recourir au chantage pour contraindre le Libéria, fragile pays d'Afrique à soutenir la résolution 181 pour atteindre enfin une majorité toute relative à l'Assemblée générale des Nations unies. Curieux n'est-ce pas qu'un président, républicain, ait pu emboîter le pas, 73 ans plus tard, à un démocrate- Harry Truman en l'occurrence- connu pour son appartenance active au mouvement sioniste depuis la Première Guerre mondiale? Ne serait-ce pas leur appartenance, à tous les deux, au sionisme politique qui les a conduits à adopter la même position pour achever de détruire ce qui reste du Front du refus prôné par Houari Boumediene de son vivant? Tout indique que les espoirs suscités à cette époque-là, n'ont pas disparu de la scène moyen-orientale, encore moins de la conscience arabe dans la mesure où les peuples de cette immense contrée n'ont jamais perdu espoir de voir un jour l'Etat palestinien, pour ne pas dire toute la Palestine comme le répétait Yasser Arafat en toutes occasions. La récente dérive de Bahreïn et des Emiratis, n'est en soi qu'un épiphénomène auquel les Palestiniens et les observateurs lucides de la scène arabe n'accordent pas grande importance. Donald Trump et son poisson-pilote Kuschner, se seraient-ils trompés d'objectif en fonçant tête baissée dans ce qui reste de mirage de l'ancienne côte des Pirates? On entend déjà les critiques selon lesquelles leur campagne de séduction n'a finalement enfanté qu'un coup de Com. Un bluff qui leur a coûté très cher sur le plan de la crédibilité. En principe, la mission confiée aux médias sionistes qui quadrillent, 24 heures sur 24 le monde, devait soulever de l'enthousiasme aux quatre coins du globe. Eh bien non! Pas le moindre signe encourageant pour ceux qui ont misé sur l'amnésie des nouvelles générations palestiniennes pour faire oublier la forfaiture qu'a représentée pour leurs parents la résolution 181. En revanche, des réactions il y en a eues quand-même. La tutelle de la Maison-Blanche Et en premier lieu chez les principaux concernés, les Palestiniens qui ont adopté une position de gens que les broutilles politiques n'effraient pas. Lucides, ils restent plus que jamais les maîtres de la solution moyen-orientale. Pourquoi? Tout simplement parce que, longtemps soumis au mutisme institutionnel pour que d'autres parlent à leur place, cette fois, en fait il y a quelques mois, Abou Maâzen avait solennellement déclaré que les Palestiniens, en parlant de l'OLP, ne négocieront plus leur avenir en se fiant au parti pris systématique de la tutelle de la Maison-Blanche. «Aux innocents les mains pleines», dit un adage français. Ce qui nous ramène en droite ligne aux Emiratis et Bahreïnis qui viennent de céder honteusement à l'influence de la maison Rothschild sous la pression alternée de Kushner et de son beau-père Donald Trump: un politique dépourvu d'expérience et qui ignore totalement ce qu'un avenir appréhendé à la légère peut réserver comme surprises. On verra la suite après l'élection présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis. Pour l'heure ils ont ouvertement complu au sionisme qui continue, de son côté, de menacer l'humanité de l'apocalypse telle que théorisée par la Kabbaliste Isaac Louria. C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité. Ce trait d'esprit est de Blaise Pascal. Il a été écrit en 1657 dans un recueil intitulé la «Douzième provinciale».