Les signataires de ce texte rejettent cette loi «d'un autre âge et appuient sans réserve la société algérienne dans sa marche vers la justice et les libertés». «Nul ne peut disposer du pouvoir d'effacer l'Histoire. Il ne peut y avoir de paix et de réconciliation sans vérité ni justice. Le peuple algérien connaît son histoire. Vouloir lui imposer le silence par la menace est strictement illusoire». Ce réquisitoire contre le projet de réconciliation nationale, initié par le chef de l'Etat, est inclus dans une pétition qui circule depuis deux jours, signée par plusieurs personnalités nationales, à leur tête, le président du Front des forces socialistes, M.Hocine Ait Ahmed, l'ex-ministre des Finances M.Ghazi Hidouci, le sociologue M.Houari Addi. Sur la même liste, on retient également plusieurs personnalités étrangères, telles que M.Perez Esquivel (Prix Nobel de la paix) en 1980 et Alain Lipietz (député européen). Des politologues, des économistes, des écrivains, des militants des droits de l'Homme ont tenté de dénoncer, à travers, ce document intitulé «Pétition contre l'auto-amnistie, oui à la justice, non à l'impunité», ce qu'ils qualifient «de démarche inacceptable». Une démarche «cautionnée par nombre de dirigeants des grandes démocraties occidentales, motivés essentiellement par des considérations économiques». Les signataires de ce texte rejettent cette loi «d'un autre âge et appuient sans réserve la société algérienne dans sa marche vers la justice et les libertés». «L'auto-amnistie» a déjà été tentée ailleurs, notamment en Amérique latine, «et partout, elle a connu l'échec», soutiennent les rédacteurs de la pétition qui émettent des doutes sur les «objectifs officiels» de cette loi. «Le 27 février 2006 a été promulguée l'ordonnance de mise en oeuvre des dispositions de la Charte sur la paix et la réconciliation nationale, dans l'objectif de mettre un terme à la décennie noire». Mais ce pas conduira en réalité, selon la pétition, à la restriction des libertés individuelles et à «l'enterrement de la vérité», étayant leur propos par l'article 46 qui, pour rappel, «puni d'un emprisonnement de trois ans à cinq ans et d'une amende de 250.000 DA à 500.000 DA quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l'Etat, nuire à l'honorabilité de ses agents qui l'ont dignement servie ou ternir l'image de l'Algérie sur le plan international.» Les parents de victimes, les familles de disparus «sont eux aussi sommés de se taire - ils n'auront plus le droit de porter plainte- et d'oublier contre une indemnisation financière». Se référant aux chiffres officiels des victimes, les signataires accusent «l'Etat d'être en violation directe des engagements internationaux signés par l'Algérie et des principes fondamentaux du droit». Et d'ajouter : «cette politique d'oubli forcé est en soi un aveu éclatant de responsabilité». Cette pétition sonne-t-elle comme le prélude à une campagne internationale contre le projet de réconciliation nationale. Tout porte à croire que c'est le cas, d'autant plus qu'elle associe des personnalité de renommée mondiale. Au lendemain de la promulgation de la charte des ONG, Human Rights Watch a sévèrement critiqué la démarche du président. La réaction d'Alger ne s'est pas fait attendre. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales M.Yazid Zerhouni a décrié ses positions, estimant que «tout le monde doit respecter le choix du peuple». De son côté, le président de la République a affirmé qu'il n'y aura aucun recul, dans ce sens, «l'Etat assumera ses engagements», a affirmé de son côté, M.Ahmed Ouyahia. Une campagne de sensibilisation est menée à l'intérieur du pays par les partis de l'Alliance pour expliciter la démarche de l'Etat. Le gouvernement élargira-t-il cette campagne à l'extérieur?