Hocine Aït Ahmed, président du FFS, les politologues Lahouari Addi et Burhan Ghalioun, la militante tunisienne des droits de l'homme Sihem Bensedrine, l'économiste Ghazi Hidouci, le prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel, le géographe Ali Bensaad, l'éditeur français François Gèze, entre autres, ont été signataires d'une pétition intitulée « Algérie : contre l'autoamnistie, oui à la justice, non à l'impunité ! ». « Les femmes et les hommes à travers le monde épris de liberté, signataires de ce texte, rejettent cette loi d'un autre âge et appuient sans réserve la société algérienne dans sa marche vers la justice et les libertés », déclarent les signataires en réaction aux décrets d'application de la « charte pour la paix et la réconciliation nationale ». « Sous le prétexte de mettre un terme à la période sanglante inaugurée par le coup d'Etat de janvier 1992, le régime d'Alger décrète l'impunité des assassins, qu'il s'agisse des membres des groupes armés se réclamant de l'Islam ou des forces de défense et de sécurité de la République, toutes composantes confondues. » « Et il interdit, sous peine d'emprisonnement, d'évoquer sous quelque forme que ce soit la responsabilité des parties qui ont organisé les violations du droit et ordonné, couvert ou justifié les atrocités commises depuis près de quinze ans », lit-on dans le texte de la pétition accessible sur le site web d'Algeria Watch, ONG de défense des droits de l'homme basée à Berlin. « Les parents de victimes, les familles de disparus sont sommées de se taire - elle n'auront plus le droit de porter plainte - et d'oublier contre une indemnisation financière, méthode honteuse où l'outrage le dispute à l'aveuglement. Mais comment effacer la mer de sang et d'horreurs qui a submergé la société algérienne ? », poursuit le texte, faisant référence aux dispositions punissant d'emprisonnement toute déclaration en contradiction avec la version officielle des événements et interdisant toute poursuite contre des agents de l'Etat soupçonnés de violations des droits de l'homme. « L'autoamnistie des chefs de guerre a déjà été tentée ailleurs, notamment en Amérique latine, et partout elle a connu l'échec. Car nul ne peut disposer du pouvoir d'effacer l'histoire. Il ne peut y avoir de paix et de réconciliation sans vérité ni justice. Le peuple algérien connaît son histoire et aucune manœuvre ne peut effacer des crimes imprescriptibles », rappellent les signataires, s'appuyant sur l'expérience argentine où la justice a, en 2005, abrogé des lois d'amnistie datant des années 1980, déclarées non conformes aux principes de vérité et de justice. Les signataires critiquent la positions de « nombre de dirigeants des grandes démocraties occidentales », accusés de cautionner la démarche de l'autorité algérienne « motivés essentiellement par des considérations économiques » et mettant en avant « le péril islamiste pour justifier ce déni des valeurs universelles des droits humains ». La pétition sera envoyée à la fin du mois d'avril à diverses institutions algériennes et internationales.