Le projet de résolution soumis aux chefs d'Etat arabes rejette tout tracé « unilatéral» des frontières entre Israël et les territoires palestiniens. Avant même que ne s'ouvre demain le sommet de Khartoum, Israël focalise sur lui les feux de l'actualité en laissant entendre qu'il allait procéder à un tracé unilatéral de la frontière avec les territoires palestiniens occupés. En effet, le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, n'a cessé de répéter ces derniers jours qu'il procédera, en cas de victoire aux élections législatives de son parti Kadima, au tracé des «frontières» d'Israël sans consultations préalables avec les Palestiniens. De fait, ces derniers sont totalement ignorés par Olmert qui, dans une déclaration faite hier à la radio publique israélienne, a affirmé: «Nous devons décider de nos frontières afin de nous séparer des Palestiniens» indiquant: «Il s'agit de se mettre d'accord sur le tracé des frontières entre nous (à l'intérieur d'Israël) puis de le négocier avec les Etats-Unis et la communauté internationale » et de souligner que cela se fera «sans tenir compte nécessairement de l'avis des Palestiniens». C'est dire le mépris avec lequel les dirigeants israéliens continuent de tenir leurs seuls vrais interlocuteurs : les Palestiniens. De fait, face aux manoeuvres d'Israël, le contentieux proche-oriental s'est imposé d'emblée en tête de liste des préoccupations des dirigeants arabes. C'est ainsi que le projet de résolution qui sera soumis demain au sommet arabe de Khartoum, est centré sur cette affaire des frontières des territoires palestiniens, le sommet va ainsi refuser toute initiative unilatérale qui ne tienne pas compte de l'avis des Palestiniens. Le projet de résolution adopté par les ministres arabes des Affaires étrangères, qui sera soumis aux chefs d'Etat arabes, est axé sur le refus de «tout tracé unilatéral de frontières israélien». De fait, le projet de résolution réitère la position arabe de toujours et réaffirme «le refus des mesures unilatérales qu'entreprend Israël et que (ce pays) compte entreprendre dans les territoires palestiniens occupés en 1967, y compris à Jérusalem». En fait, outre Jérusalem-Est et les colonies du nord de la Cisjordanie, le tracé frontalier que va proposer Ehud Olmert inclut la vallée du Jourdain et des terres agricoles palestiniennes, confirmant la mainmise d'Israël sur les eaux palestiniennes. Le document estime par ailleurs que le tracé de frontières «satisfait les visées expansionnistes israéliennes et rend impossible l'édification d'un Etat palestinien indépendant et souverain». Le projet de résolution souligne en revanche que «la paix juste, globale et durable ne peut être instaurée que par un retrait israélien total des territoires arabes occupés et l'édification d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et à Ghaza avec Jérusalem-Est pour capitale, et le retour des réfugiés palestiniens». Reste à savoir, c'est sans doute cela le plus dur, comment la Ligue arabe compte s'y prendre pour faire respecter par Israël (soutenu sans état d'âme par les Etats-Unis) la légalité internationale et singulièrement les résolutions du Conseil de sécurité qui toutes exigent de l'Etat hébreu son retrait des territoires palestiniens occupés en 1967 et en 1973. Le second point qui risque de partager le sommet arabe concerne le Darfour et le devenir de cette province soudanaise en proie à une guerre civile depuis plus de trois ans. En effet, Khartoum reste totalement opposé à une internationalisation de la question du Darfour, comme le réitérait le président soudanais Hassan Omar Al-Béchir selon lequel cette province se «transformerait en cimetière pour les troupes étrangères » si elles pénètrent dans le territoire sans l'accord de Khartoum. De fait, Omar Al-Béchir n'entend pas autoriser l'intervention de l'Otan, sous l'égide de l'ONU, comme l'a suggéré lundi dernier le président américain George W.Bush, favorable au déploiement des troupes de l'Otan au Darfour. Le président égyptien, Hosni Moubarak, qui sera absent à Khartoum, a également fait part de son opposition à l'internationalisation du conflit du Darfour estimant que «l'aggravation de la crise» -dans cette province du Soudan- est due aux «ingérences étrangères» (non précisées) «qui tentent de faire croire qu'il s'agit d'un conflit entre tribus arabes et africaines». Pour ce qui est de l'Irak, le sommet doit adopter, pour la première fois depuis l'invasion américano-britannique, un texte demandant «le retrait des troupes étrangères» de ce pays, et insiste sur «l'accélération de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en Irak pour préparer le terrain à un retrait des troupes étrangères».