Encore une fois, sur pressions des Etats-Unis, la question de la reconnaissance de l'Etat hébreu par les pays arabes revient au centre des débats du sommet de la Ligue arabe. La question du Proche-Orient sera l'un des principaux sujets qu'aborderont les chefs d'Etat arabes dans la capitale soudanaise, même si les questions du Darfour et de l'Irak occuperont une bonne place dans l'agenda de ce rendez-vous. À la veille de chaque sommet de la Ligue arabe, les Américains reviennent à la charge dans l'espoir d'arracher à cette instance régionale une reconnaissance d'Israël par l'ensemble des pays arabes. Cette fois-ci, c'est le sous-secrétaire d'Etat américain, David Welch, qui s'est chargé de dresser un véritable canevas que doivent suivre les membres de la Ligue arabe pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Incapables d'occulter les souhaits de l'Administration Bush, qui maintient sur eux de terribles pressions, une bonne partie préfère contourner le problème en s'inscrivant aux abonnés absents au rendez-vous de Khartoum. C'est l'explication avancée par les analystes pour justifier les nombreuses défections annoncées. Jusqu'à hier les présidents égyptiens Hosni Moubarak et tunisien Zine al Abidine Ben Ali ainsi que le roi du Maroc Mohammed VI, le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa et le Sultan Qabous d'Oman ont déjà confirmé qu'ils ne feront pas le déplacement à Khartoum. Par ailleurs, le roi saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz et le leader libyen Mouammar el Kadhafi n'ont pas annoncé leur présence au Soudan. Ainsi, ce sommet sera dominé par la question du Proche-Orient à voir les recommandations des ministres des Affaires étrangères et risque de ne pas répondre aux attentes américaines. En effet, au cours de leur réunion préparatoire, les chefs de la diplomatie arabes affirment dans leur projet de résolution “le refus des mesures unilatérales qu'entreprend Israël et qu'elle compte entreprendre dans les territoires palestiniens occupés en 1967, y compris à Jérusalem”. Il est également précisé que “la paix juste, globale et durable ne peut être instaurée que par un retrait israélien total des territoires arabes occupés et l'édification d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale, et le retour des réfugiés palestiniens”. Le texte qui sera soumis au sommet souligne que “l'instauration de cette paix exige des négociations directes entre les protagonistes sur la base des résolutions (du Conseil de sécurité de l'ONU), selon le principe d'échange de la terre et conformément à la feuille de route et à l'initiative de paix arabe”. Les chefs d'Etat arabes rejetteront par ailleurs de façon formelle “tout tracé unilatéral de frontière israélien”, comme le préconise le chef du gouvernement israélien par intérim, Ehud Olmert. En somme, c'est l'initiative prise lors du sommet de Beyrouth en 2002 qui est remise sur le tapis. Le Darfour et l'Irak constitueront les deux plus importants points de l'ordre du jour, surtout que le pays hôte du sommet est concerné au plus haut point par la première question. Un soutien tiède au Soudan est attendu sans pour autant aller jusqu'à rejeter la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. K. ABDELKAMEL