Le sommet avait à son ordre du jour plusieurs dossiers importants. Devant durer deux jours, le 18e sommet de la Ligue des Etats arabes -dont les travaux se sont ouverts hier à Khartoum en présence notamment du président Abdelaziz Bouteflika- a été écourté à la seule journée d'hier, alors même que les dossiers sur lesquels devaient se pencher les dirigeants arabes étaient d'une extrême importance à l'instar de la situation en Irak, des velléités israéliennes sur les territoires palestiniens ou encore le conflit du Darfour, province soudanaise. Outre ces dossiers, reste encore la question vitale, des réformes de la Ligue arabe qui réclamait l'attention de l'ensemble des dirigeants arabes. A l'évidence, les Arabes doivent continuer à faire avec l'humeur fantasque de leurs dirigeants. Ceci dit, les trois dossiers examinés en priorité par le sommet de Khartoum -l'Irak, la Palestine et le Darfour- nécessitent à l'évidence, de la part des responsables arabes, une attention particulière pour chacun d'eux, ou même organiser des réunions qui leur soient exclusivement réservées. Les choses étant ce qu'elles sont, il fallait faire avec ces impondérables propres aux Arabes. Pour revenir au sommet, le président soudanais, Hassan Omar Al-Béchir, nouveau président en exercice de la Ligue arabe, a donné le ton en s'inscrivant d'emblée en faux contre la lecture que fait l'Occident des évènements du Darfour et en récusant, catégoriquement, le déploiement d'une force étrangère dans cette province soudanaise. Contestant l'envoi de troupes étrangères, le président Al-Béchir a affirmé dans son discours que «les forces de l'Union africaine (UA) sont capables d'accomplir leur mission au Darfour, sans intervention étrangère» invitant toutefois les pays arabes et «la communauté internationale à soutenir financièrement les forces de l'UA» actuellement déployées au Darfour. La commission ministérielle arabe a suivi le Soudan en soutenant la position de Khartoum sur le dossier du Darfour et en faisant sien le refus d'une « présence étrangère sans son assentiment (du Soudan)» appelant à son tour au soutien financier de la mission de paix de l'Union africaine dans l'objectif de lui permettre de maintenir ses troupes dans la province soudanaise, afin de rendre sans objet l'envoi de forces étrangères (sous l'égide de l'ONU) au Soudan, indique de source proche du sommet à Khartoum. Le deuxième point à avoir été évoqué concerne la situation dans les territoires palestiniens occupés où Israël a l'intention de les charcuter à sa mesure, et l'inquiétude quant à la menace d'effondrement qui pèse sur l'Autorité palestinienne en manque de liquidités. L'accord sur cette question est total d'autant plus que si les pays arabes ont fait de la paix «un choix stratégique», comme le rappelait le président Bouteflika dans son intervention hier, il n'en reste pas moins que le sommet rejette absolument tout tracé unilatéral de frontières qui serait commis par Israël, comme le stipule le projet de résolution sur le dossier palestinien. Ainsi, les ministres arabes des Affaires étrangères ont adopté deux projets de résolutions qui insistent sur le fait que la réalisation «d'une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient» reste tributaire du «retrait total d'Israël des territoires arabes occupés depuis juin 1967 et de l'instauration d'un Etat palestinien indépendant et souverain». Le projet de résolution soumis hier aux chefs d'Etat arabes, tout en rejetant absolument la politique «unilatérale» d'Israël, met l'accent sur le «respect du choix du peuple palestinien» -référence aux menaces de boycott de l'Occident de l'Autorité palestinienne dirigée par le Hamas, qui a gagné les élections du 25 janvier- et demande «l'augmentation de l'aide financière à l'Autorité palestinienne», à travers les fonds d'El-Aqsa et d'El-Qods. Le troisième point qui a fait consensus concerne l'Irak en proie à la guerre depuis trois ans, avec en sus la menace d'une confrontation confessionnelle et ethnique. Aussi, le projet de résolution sur l'Irak met-il l'accent sur l'élargissement du rôle arabe dans ce pays, les Arabes s'étant retranchés dans l'attentisme depuis l'invasion américano-britannique du 20 mars 2003. Dès lors, il est appelé à une présence arabe plus affirmée en Irak dans l'optique d'aider ce pays à dépasser les divergences qui bloquent la formation rapide d'un gouvernement. Pour la première fois aussi, un sommet arabe va se prononcer clairement sur un retrait des forces étrangères de l'Irak, d'où la nécessité de formation d'un cabinet d'union nationale susceptible de prendre rapidement en charge les affaires du pays. Notons, par ailleurs que le président syrien, Bachar Al Assad, et le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, ont mis à profit leur présence à Khartoum pour se rencontrer, une première prise de contact depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri -le 14 février 2005- qui a envenimé les relations entre la Syrie et le Liban. Les deux hommes ont convenu de se revoir à Damas.