Les quelques terres fertiles, ne cessent d'être envahies par le béton. Après la promulgation de la loi portant création des exploitations agricoles collectives (EAC), durant les années 1987/88, le patrimoine foncier agricole se trouvant sur tout le littoral est de Béjaïa, relevant de la direction de l'agriculture d'Aokas ne cesse de rétrécir, notamment ces dernières années, au profit du béton, et se voit de ce fait détourné de sa vocation initiale. En fait, juste quelques années après la promulgation de ladite loi, soit au début des années 1990, environ 4ha, selon les agriculteurs - ce qui est visible à l'oeil - à Baccaro, pour ne citer que cette parcelle, ont été confisqués à leurs bénéficiaires par d'autres organismes et ce, pour la réalisation d'une soi-disant cité balnéaire que d'aucuns qualifient à juste titre de «cité-dortoir». Et l'autre partie pour la réalisation de blocs de logements. Cela sans que la direction de l'agriculture censée protéger ce patrimoine d'une valeur inestimable surtout que la terre destinée à l'agriculture dans cette région est une chose rare, ne daigne réagir. Pis, ces dernières années, les services de tutelle ont accordé à chaque groupe constituant une EAC, une parcelle de terrain en pleine EAC en vue de bâtir des maisons. Certes, c'est une bonne initiative à l'égard des exploitants. Cependant, l'organisme concerné aurait dû, dans le but de préserver ce patrimoine de toute forme visant son détournement de sa vocation initiale, d'autant qu'outre ces constructions autorisées d'autres ont été construites illicitement, consacrer une seule parcelle pour regrouper tous les exploitants de toutes les EAC afin de leur assurer les commodités nécessaires à savoir l'assainissement, l'eau potable, l'électricité... à même d'éviter une éventuelle anarchie. «Cette manière de faire, cette situation n'augure pas des lendemains meilleurs pour cette activité», nous déclare un agriculteur qui accuse la tutelle de mauvaise gestion. Au moment où les pays développés font des pieds et des mains pour améliorer la production qualitativement et quantitativement, en Algérie, on constate malheureusement que les quelques terres fertiles, de surcroît les meilleures, ne cessent d'être envahies par le béton. La Mitidja illustre parfaitement cette situation accablante. Notons enfin que pour développer le secteur de l'agriculture, il ne suffit pas de débloquer et d'accorder des sommes faramineuses qui vont parfois dans les poches des spéculateurs car avant tout la terre appartient à celui qui la travaille. En résumé, l'agriculture à l'instar des autres secteurs nécessite au-delà des sommes importantes injectées, une vraie politique de suivi à même d'enclencher une véritable dynamique.