Une journée d'action sans précédent doit avoir lieu aujourd'hui à travers tout l'Hexagone pour protester contre le CPE. «La journée du 28 mars sera un moment décisif dans notre lutte. Si (le gouvernement) ne cède pas, nous appelons d'ores et déjà à la reconduite de la grève». Le ton est donné. Le message est clair. La coordination nationale étudiante n'en démord pas: le CPE doit être retiré au plus vite! De plus, la grande vague de manifestations et de grèves nationales prévues et organisées, ce jour, par plusieurs dizaines de syndicats, fait foi de cette détermination. Cette prise de position abrupte et unilatérale atteste bien de la situation actuelle: un dialogue de sourds persistant paraît s'être instauré crescendo au sein de la société française. Depuis janvier dernier, il semble que les dons de diplomate du Premier ministre, soient mis à rude épreuve face à une jeunesse française prête à en découdre. Bien sûr, les vieux réflexes de «liberté, égalité, fraternité» ne sont pas remisés au placard. Et pourtant ironiquement, c'est bien le concept d'égalité qui est à l'origine de la création du très controversé Contrat première embauche. Le paradoxe de la situation réside dans ce point particulier: le CPE n'est qu'un article de la loi sur l'égalité des chances! Ainsi, dès le début, les cartes étaient biseautées, affirment les anti-CPE. La coordination étudiante, réunie le week-end dernier à Aix-en-Provence, va même plus loin dans cette dénonciation en qualifiant l'attitude du gouvernement comme «le choix du pourrissement et de la provocation». La demande de démission du Premier ministre a été maintes fois réitérée. Une demande qui avait été aussi formulée dans les rangs de l'extrême gauche, notamment le PCF, ces dernières semaines. Ainsi, les observateurs les plus pessimistes voient se profiler une impasse inéluctable dans les couloirs de Matignon. Un constat amplifié par l'échec de la rencontre entre Dominique de Villepin et les cinq confédérations syndicales samedi dernier. «Le Premier ministre n'avait rien à nous dire», clame le secrétaire général de la Cfdt, François Chérèque. Déçue également, Maryse Dumas, du syndicat CGT, jure qu'il n'y aura «pas d'autre rendez-vous sans un retrait définitif du CPE». Ainsi, l'intransigeance de Dominique de Villepin déplaît et le mouvement de protestation national d'aujourd'hui paraît être l'occasion de le faire savoir en grand nombre. Déjà, le 18 mars dernier, plus d'un million de personnes étaient descendues dans les rues. Près du double est attendu cet après-midi. Pour ce faire, les syndicats ont joué la carte de la mobilisation ultime. Ainsi, il est à prévoir des grèves à l'éducation nationale, dans les transports, l'Anpe, les banques, les postes et télécommunications et même les médias. Autant d'acteurs de la société civile qui représentent d'hypothétiques voix pour les présidentielles de 2007. C'est, d'ailleurs, cette préoccupation fortement intéressée dans le clan UMP que résume le socialiste Jack Lang: «Quand on est chef d'Etat et Premier ministre de la France, on s'élève au-dessus des considérations d'ambition personnelle, au-dessus des intérêts de son petit clan.» Une position confirmée par Ségolène Royale qui estime que «le gouvernement joue la carte de l'affrontement pour mieux faire oublier son arrogance et son incompétence». Ainsi, le seul éventuel recours pour ces jeunes étudiants, reste la décision du Conseil constitutionnel le 30 mars prochain. Ce dernier devra établir si le CPE est en concordance avec la procédure parlementaire et respecte l'égalité entre les salariés. Une échéance à suivre de près...