Conflit n Les syndicats brandissaient la menace d'une grève générale en France après avoir lancé un appel «solennel» au retrait du contrat-jeunes, que le gouvernement de Dominique de Villepin continue de refuser. Unis et satisfaits, après la mobilisation de samedi, les syndicats de salariés, étudiants et lycéens attendent désormais que le Premier ministre retire le CPE, comme le souhaitent deux tiers environ des Français (60% selon un sondage BVA paru aujourd?hui). Ils en ont appelé samedi «solennellement au gouvernement», mais aussi «au président de la République» Jacques Chirac, et ont reçu en retour, du porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, une nouvelle offre d'«améliorer» le CPE. Mais le chef du syndicat CGT, Bernard Thibault, a balayé l'idée de «discussions pour mettre en ?uvre une mauvaise mesure». Plusieurs syndicats estiment avoir lancé un ultimatum et envisagent maintenant, telle la CGT, une grève générale pour faire plier un exécutif accusé d'autisme. Une réunion intersyndicale est prévue aujourd?hui. L'organisation des lycéens Fidl prévoit déjà une journée d'action jeudi. Celle d'étudiants Unef compte appeler de nouveau à battre le pavé. Si 69% des Français interrogés jugent la fronde anti-CPE justifiée, selon le sondage BVA, 63% estiment que le Premier ministre ne cédera pas. La tension est vive après deux mois d'une contestation qui va crescendo. Selon un autre sondage publié aujourd?hui, 71% des Français parlent d'«une crise sociale profonde qui peut prendre de l'ampleur au cours des semaines qui viennent», 80% des 15-24 ans rejetant le CPE. Actuellement, deux tiers des 84 universités du pays restent bloquées, comme la prestigieuse Sorbonne à Paris. Inquiets, les présidents d'université ont appelé à la suspension du CPE. A chaque nouveau rassemblement, des heurts sont à craindre. La gauche, qui s'est ralliée en bloc aux anti-CPE, surveille l'évolution de l'affaire «comme le lait sur le feu», relève le quotidien Le Monde. «L'erreur est humaine, mais persévérer est diabolique», lançait, hier, le porte-parole des socialistes, Julien Dray. Sûr des vertus du CPE, le Premier ministre aux ambitions présidentielles refuse de reculer mais c'est au risque de jouer là son avenir. Sa cote de popularité baisse depuis deux mois, la moitié des Français (46%) le jugent «trop autoritaire» et 62% des moins de 30 ans «pas à la hauteur des événements», selon un sondage paru hier.