Le 17e sommet arabe d'Alger consacrera la première grande réforme de la charte de l'organisation panarabe, un texte vieux de 60 ans. Ce rendez-vous inédit pour le monde arabe ne devrait être toutefois qu'une étape dans le processus de refondation de la ligue. Dans son discours-bilan de l'histoire contemporaine du monde arabe, M. Bouteflika a mentionné que la réforme du système de vote de la ligue, la création d'un parlement à Damas et l'institution d'un comité de suivi doivent être accompagnées d'une révision du fonctionnement du secrétariat général de la ligue et du Conseil économique et social (CES). Celle-ci devrait constituer l'un des principaux ordres du jour du prochain sommet arabe. Le chef de l'Etat, qui présidera aux destinées de la ligue d'ici la tenue du rendez-vous prévu au Soudan, a laissé entendre qu'il ne ménagera aucun effort pour parachever la réforme démocratique de l'organisation panarabe. « La réforme du secrétariat de la ligue et de certaines institutions telles que le Conseil économique et social ainsi que le projet de création d'un parlement arabe sont opportuns et appropriés », a déclaré le chef de l'Etat. Apparu peu séduit par les arguments financiers invoqués par le secrétaire général de la Ligue arabe pour expliquer la paralysie de l'organisation, Abdelaziz Bouteflika a recommandé également aux leaders arabes de penser au moyen d'impliquer davantage les sociétés civiles arabes dans les prises de décision et la définition des politiques arabes. Sans prendre de gants, le Président algérien a clairement rendu tributaire le succès des réformes envisagées de la réussite des processus de démocratisation et de modernisation des pays membres qui devaient être enclenchés au lendemain du sommet de Tunis. « Pour leur part, les engagements importants énoncés par le sommet de Tunis en faveur de la démocratisation de nos pays et de leur modernisation ont, à juste titre, affirmé notre réceptivité aux exigences d'une large participation populaire à la prise des décisions affectant la vie politique, économique et culturelle », a-t-il souligné. Et d'ajouter : « Cette action a encore un besoin pressant de visions politiques rénovées et de démarches opérationnelles coordonnées autour des stratégies démocratiquement concertées (...). » Abdelaziz Bouteflika, qui s'est enorgueilli de la présence et du soutien du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, au sommet arabe d'Alger, a mentionné que le monde arabe n'a plus les moyens de se permettre d'ajourner ces réformes. En guise d'arguments, il citera les quelques grandes menaces auxquelles est confronté le monde arabe. Cela tout autant qu'il énumérera les défis qui se posent avec acuité aux sociétés arabes. Et pour le chef de l'Etat, la survie du monde arabe dépend de la réussite des processus démocratiques engagés ou qui doivent l'être impérativement. « L'accélération de l'histoire ne nous permet pas une adaptation lente et graduelle de nos programmes de travail et de nos institutions », a-t-il dit, avant d'insister encore sur l'idée que « les réformes sont devenues nécessaires dans toutes les sociétés, notamment dans les sociétés arabes ». A ce propos, il n'a pas manqué d'évoquer l'exemple de l'expérience démocratique menée « volontairement » depuis des années par l'Algérie. Un pays, a-t-il dit, qui a été un « pionnier » en la matière à un moment où il a subi « seul » le « déchaînement » du fléau du terrorisme. Au titre des travaux du sommet, prévus de prendre fin aujourd'hui, précisons que les chefs d'Etat n'ont commencé à éplucher leur ordre du jour que vers la fin de l'après-midi d'hier. Et si la réunion devrait se terminer avec l'annonce officielle, aujourd'hui, de la naissance d'une Ligue arabe rénovée, il est à mentionner que le sommet arabe d'Alger a été riche en travail de coulisses. En témoignent les incessants va-et-vient des leaders marocain, égyptien et libyen. Ces « consultations officieuses » qui ont été, dit-on, fructueuses devraient très vite livrer leurs secrets. Une chose est certaine : M. Bouteflika veut faire de la « halte » d'Alger de la Ligue arabe une rencontre dédiée à la démocratie et à la réconciliation interarabe.