L'Union du Maghreb arabe est bloquée par le «chantage à l'autonomie» qu'impose le roi aux dirigeants de la région. Le Maroc s'intéresse apparemment beaucoup plus à la Ligue arabe qu'à l'UMA. En effet, dans un message adressé jeudi dernier au président de la République, Mohammed VI a affiché sa ferme volonté de voir une nouvelle stratégie émerger au sein de la Ligue arabe. Il s'est ainsi engagé à contribuer à la concrétisation des résolutions prises lors du 17e sommet tenu récemment à Khartoum. Mohammed VI affirme, dans son message, avoir suivi avec grand intérêt le discours du président Bouteflika qui a porté sur les décisions et engagements importants issus de ce sommet. Il a tenu, à cet effet, à saluer «les efforts sincères» consentis par le chef de l'Etat qui a «veillé avec détermination» à la mise en oeuvre de ces décisions et engagements. «Je saisis cette opportunité pour réaffirmer à Votre Excellence que le grand intérêt que nous accordons aux causes arabes de manière générale reste inscrit parmi les priorités de notre pays», écrit le roi Mohammed VI. Quel est l'intérêt d'une telle déclaration qui intervient, rappelons-le, au lendemain de la clôture du sommet arabe? C'est là, en effet, une question que se posent nombre d'observateurs, d'autant plus que le souverain marocain n'a soufflé mot sur l'Union du Maghreb arabe. Le roi du Maroc a fortement insisté sur la question palestinienne et complètement éludé la construction de l'UMA qui, traditionnellement, est systématiquement abordée par les premiers responsables du Maghreb dans leurs messages. Même si le problème sahraoui passe pour être une entrave à la réalisation de l'espace politico-économique maghrébin, il n'en demeure pas moins que les dirigeants, tant algériens que marocains, relèvent l'importance de l'UMA. Cette «omission» s'explique-t-elle par un désintérêt du Maroc par rapport à l'Union maghrébine, au profit de l'ensemble panarabe? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que quelle que soit l'attitude du royaume alaouite vis-à-vis de l'UMA, il est entendu que le projet n'est pas seulement un voeu exprimé par les pays de la région, mais également par les puissances occidentales, entre autres Washington. Le roi sait, pourtant, pertinemment que l'Union du Maghreb arabe est bloquée par le «chantage à l'autonomie» qu'il impose aux dirigeants de la région. Décodée, la lettre de Mohammed VI à Bouteflika obéit à des enjeux politiques plus grands. Le souverain marocain voudrait exprimer, à travers son message, que même si les deux pays ne s'entendent pas sur la question de décolonisation du Sahara occidental, il n'en demeure pas moins qu'ils partagent la même vision sur les autres questions en relation avec la communauté arabe. «Tout en partageant votre opinion quant à la nécessité de hâter l'adoption des amendements approuvés pour être insérés dans la charte de la Ligue arabe, je tiens à vous assurer de l'engagement sincère et continu du Maroc à respecter la charte et les résolutions arabes dont les procédures d'adoption sont en cours conformément aux dispositions de notre Constitution», a-t-il, à ce propos, conclu son message au président de la République.