L'ancien président Barack Obama est intervenu hier dans l'Etat-clé de Pennsylvanie pour son premier meeting de soutien à Joe Biden, accusé de rester chez lui à moins de deux semaines du scrutin présidentiel alors que Donald Trump continue de sillonner l'Amérique. L'un enchaîne les déplacements à un rythme effréné, l'autre ne bouge pas: les stratégies des deux candidats sont, plus que jamais, radicalement différentes. Pour la deuxième journée consécutive, Joe Biden, favori des sondages, n'avait aucun événement public à son agenda mardi. Le soutien, hier, de Barack Obama sur le terrain à Philadelphie éait très attendu, et il a eu lieu en mode «drive in», devant des partisans à bord de leurs voitures. Donald Trump ne l'avait emporté que d'une courte tête en 2016 en Pennsylvanie, un Etat potentiellement crucial pour la victoire où il s'est de nouveau rendu mardi soir, après deux meetings de campagne lundi dans l'Arizona. «Tout ce que fait (Biden), c'est rester chez lui», a raillé Donald Trump sur scène à Erie. Il a pris «cinq jours» de pause, a-t-il exagéré devant des partisans hilares, tout en qualifiant son adversaire de «politicien corrompu». Un temps attendue à ses côtés, la Première dame Melania Trump a elle annulé, en raison d'une «toux persistante» et «par excès de précaution», son déplacement en Pennsylvanie, qui devait être sa première apparition dans un meeting de campagne depuis plus d'un an. Diagnostiquée positive au Covid-19 en même temps que son mari, le 1er octobre, la «First Lady» a annoncé mi-octobre qu'elle était désormais négative. Avant de l'affronter jeudi lors d'un dernier débat décisif, Donald Trump a encore accentué ses attaques personnelles sur l'intégrité de son adversaire. Le ton de l'ancien homme d'affaires, qui redoute d'être le président d'un seul mandat, est plus agressif que jamais. Le président républicain martèle depuis plusieurs semaines, sans éléments concrets à l'appui, que la famille Biden est une «entreprise criminelle». Son angle d'attaque? Les affaires de Hunter Biden en Ukraine et en Chine, au moment où son père, Joe, était vice-président de Barack Obama (2009-2017). Dans ce contexte, le dernier débat entre les deux candidats septuagénaires, qui aura lieu demain à Nashville, dans le Tennessee, s'annonce tendu, après un premier face-à-face particulièrement chaotique où les coups volaient bas. «Il n'y a rien d'équitable dans ce débat», a estimé Donald Trump, réitérant ses virulentes attaques personnelles contre la modératrice, Kristen Welker, ainsi que ses critiques contre la commission indépendante chargée de leur organisation. Pour éviter la cacophonie de leur premier affrontement, les micros des deux candidats seront coupés lorsqu'ils n'auront pas la parole. «Je le ferai quoi qu'il arrive, mais c'est injuste», a affirmé Donald Trump. Changera-t-il de stratégie par rapport au premier débat, lors duquel il avait en permanence interrompu son rival démocrate? «Certains disent qu'il faut le laisser parler parce qu'il finit toujours par perdre le fil», a répondu le président américain, qui tente, depuis des mois, de dépeindre son adversaire comme un vieil homme ayant perdu l'essentiel de ses capacités intellectuelles. Comme en 2016, Donald Trump se pose en candidat qui n'appartient pas au sérail et qui se bat pour les Américains, loin des intrigues de Washington. «Je me bats contre le parti démocrate, contre les médias Fake News (...) et maintenant contre les géants de la technologie», a-t-il lancé. Peu après, le ministère de la Justice et onze Etats américains, en majorité républicains, ont déposé une plainte auprès d'un tribunal fédéral de Washington accusant Google d'atteintes au droit de la concurrence et réclamant des changements «structurels» au sein du géant de la «Big Tech». Interrogé sur l'accumulation de sondages défavorables, le président américain a affiché sa confiance, mettant en avant sa capacité à mobiliser d'imposantes foules lorsqu'il se déplace à travers le pays. «On n'a jamais vu de meetings de campagne avec un amour pareil et des foules pareilles», a tonné le président, qui devrait bientôt retrouver la Floride, où les opérations de vote anticipé ont débuté lundi. Le vote anticipé est scruté avec une attention particulière cette année, tant il continue de battre des records, donnant parfois lieu à de longues files d'attente dans les Etats où il a démarré. Quelque 30 millions d'Américains à travers le pays ont déjà voté par courrier ou en personne, ce qui pourrait représenter près d'un cinquième de la participation totale, selon l'organisation indépendante Elections Project.