Après les éditions Barzakh, deux autres professionnels du livre, et non des moindres, viennent de lancer une braderie en proposant des réductions dans les prix de vente des livres de l'ordre de 50%. Il s'agit des maisons d'édition Apic et Koukou. Ces deux maisons d'édition ont pourtant, une grande réputation sur le marché du livre et un catalogue de titres digne de grandes et de professionnelles, maisons d'édition. Mais la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 ne les a pas épargnées tout comme pas mal d'autres maisons d'édition. La situation de crise financière a poussé ces maisons d'édition à brader carrément des dizaines de titres afin de tenter de remonter, un tant soit peu, la pente des méventes. Mais rien n'est moins sûr. Car depuis le mois de mars 2020, l'affluence sur les librairies algériennes a baissé de manière sensible, de l'avis unanime des gérants des librairies. Ce qui n'est pas sans occasionner des pertes sèches non seulement aux libraires eux-mêmes mais aussi et surtout aux éditeurs de livres qui se retrouvent ainsi dans une situation d'impasse totale. Ce qui a empiré les choses c'est l'annulation du Salon international du livre d'Alger qui ne pouvait en aucun cas se tenir cette année à cause de la recrudescence de la maladie de Covid-19. Or, il se trouve que le Sila a été, chaque année, la seule bouée de sauvetage pour la majorité écrasante des éditeurs. Ces derniers réalisaient chaque année, des ventes conséquentes tout au long du Sila grâce, entre autres, aux ventes-dédicaces organisées en présence des auteurs. Mais avec l'annulation de l'édition de cette année, les caisses des maisons d'édition se retrouveront à sec. De même que l'annulation de l'édition 2020 du Sila a poussé la majorité écrasante des éditeurs à surseoir à l'édition de nouveaux livres. Situation précaire Editer un livre en ces temps de vaches maigres serait suicidaire de l'avis de la majorité des éditeurs. Il y a eu certes, quelques exceptions, mais elles se comptent sur les doigts d'une seule main. Car même en éditant un livre, les conditions de distribution sont actuellement inexistantes et la majorité des libraires en Algérie, pas tous bien sûr, est désormais réticent à faire des commandes de nouveautés, face à l'inertie qui frappe les tas d'exemplaires qui sont toujours entassés sur leurs étals. Depuis la fermeture, pendant les trois mois ayant succédé au début de la pandémie, en mars 2020, plusieurs librairies ont carrément mis la clé sous le paillasson. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, plusieurs librairies ont fermé leurs portes définitivement à cause de cette crise sanitaire: deux étaient situées au centre-ville, une à la Nouvelle-Ville, une à Fréha sans compter celles ayant disparu dans l'anonymat. Quand de grands éditeurs comme Apic et Koukou sont contraints de vendre leurs livres à moitié prix, il y a sérieusement péril en la demeure. Les éditions Barzakh sont allées jusqu'à accorder des baisses de 70%! C'est dire l'ampleur du mal. Pourtant, il s'agit en partie d'oeuvres de grands auteurs comme Assia Djebar et Mohammed Dib. Des baisses de 70% Les éditions El Amel de Tizi Ouzou, qui ne se sont jamais plaintes d'une quelconque crise financière depuis leur lancement en 1997, tirent la sonnette d'alarme pour la première fois. Cette maison d'édition, qui a à son actif plus de 2000 livres édités, est également sous la férule de cette crise engendrée par la pandémie du Covid-19. Autant que les éditions Tafat de Béjaïa dont le directeur a fait preuve de beaucoup de professionnalisme et d'imagination depuis la création de cette boîte. Il y aurait eu un espoir que les maisons d'édition, en crise, renaissent de leurs cendres si la pandémie en question ne semble pas partie pour durer. Il est fort à craindre que d'ici que ce virus soit éradiqué par un providentiel vaccin, la majorité des maisons d'édition aura rendu l'âme. Ce n'est pas ce qui leur est souhaité bien sûr. Mais être réaliste, c'est mieux que d'entretenir de faux espoirs.