A l'exception d'un rappel à l'ordre au dirigeant du parti dissous, aucune mesure n'a été prise. Le retour du «grand inquisiteur» est l'intitulé choisi à juste titre par le quotidien français, Le Monde, pour résumer l'esprit de l'entretien que lui avait accordé le n°2 de l'ex-Fis. Pourtant, Ali Benhadj libéré le 6 mars dernier dans le cadre de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, interdit de déclaration. Une mesure qui remonte à sa libération en 2004. Ce qui ne l'a pas empêché de passer outre les lois de la République, en redoublant de déclarations d'une rare virulence à l'égard du pouvoir. Il est allé cette fois jusqu'à cracher dans la soupe en qualifiant d' «illégitime et anticonstitutionnelle» la réconciliation nationale. Côté officiel, à l'exception d'un rappel à l'ordre au dirigeant du parti dissous, aucune mesure n'a été prise ces derniers jours, en vue de faire appliquer la loi. Il convient de rappeler que lors de sa dernière conférence de presse, le chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia, répondant à la question de savoir que ferait l'Etat devant les déclarations successives d'islamistes libérés tels que Benhadj et Layada, avait affirmé que «nous allons dire à ces personnes de cesser de faire des déclarations politiques», avant d'ajouter que «l'Etat veillera à appliquer la loi relative à l'interdiction de toute activité politique pour les personnes responsables de la tragédie nationale».Le chef de l'Exécutif qui n'a fait que rappeler l'un des principes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, n'a cependant pas été clair quant à la manière d'amener les islamistes à se conformer à la loi en vigueur. Ouyahia soulignera que «la situation qui a prévalu 15 jours après la mise en oeuvre des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ne durera pas». Il est clair pour le chef du gouvernement que l'Algérie résolument engagée dans le processus de réconciliation nationale et du développement national ne saurait revenir à l'anarchie des années 90. Concernant justement le retour sur la scène politique de l'ex-Fis, le ministre de l'Intérieur M.Nouredine Yazid Zerhouni avait déclaré, récemment, que tant qu'il serait à son poste «aucune des personnalités ayant fait l'apologie du crime, ne sera admise dans les différentes listes électorales». C'est là, à ses yeux «la ligne rouge» de la charte. «La religion ne doit plus jamais être instrumentalisée à des fins politiques», a-t-il soutenu et a qualifié la charte de «texte équilibré et très responsable». Les déclarations du chef du gouvernement et de son ministre de l'Intérieur sont en pleine conformité avec celles du chef de l'Etat, qui a tranché en faveur de l'interdiction définitive de l'utilisation de la religion musulmane à des fins politiques. «La paix et la sécurité sont revenues dans notre pays. Elles seront parachevées grâce aux mesures que nous venons de promulguer mais aussi, grâce à la détermination de l'Etat aujourd'hui plus forte que jamais, à réduire par la force de la loi tous ceux qui continueraient à s'attaquer à leur peuple et à leur propre pays», déclarait M.Bouteflika devant les femmes à l'occasion du 8 mars.Cette frange de la population qui subit le plus l'inquisition des forces rétrogrades.